Fay Manners, une skieuse qui a découvert sa passion pour le ski de pente raide après avoir déménagé à Chamonix il y a huit ans, a entrepris un projet ambitieux sur l’Aiguille du Moine. Le ski de pente raide a représenté un nouveau défi qu’elle a appris à chérir. En raison de conditions défavorables pour l’escalade sur glace cette saison, Manners a décidé de se tourner vers une entreprise personnelle de ski pour conquérir des pentes escarpées.
Son projet décrit un objectif audacieux de skier trois descentes abruptes emblématiques dans les Alpes. Cette entreprise ne concerne pas seulement le ski; elle implique également de débuter les ascensions depuis la vallée et de faire du vélo entre ces pentes monumentales. Prévue pour la fin de saison – d’avril à juin, selon les conditions météorologiques – cette initiative représente un mélange d’endurance, de compétence et d’adaptation environnementale.
« En l’absence d’opportunités d’escalade sur glace, j’ai vu une chance de me défier moi-même avec des objectifs de ski en pente raide », a expliqué Manners. Son enthousiasme pour le projet est palpable, reflétant une connexion profonde avec les montagnes et une poursuite incessante de la croissance personnelle au milieu de la grandeur alpine.
La Conception du Projet de Ski sur l’Aiguille du Moine
Le lancement du projet de Fay Manners sur l’Aiguille du Moine a commencé avec une collaboration qui allait établir un nouveau standard pour ses exploits en ski. En collaborant avec The North Face, Manners a été encouragée à améliorer ses compétences en ski de pente sous la tutelle des athlètes renommés Mathéo Jacquemoud, Tom Lafaille et Guillaume Pierrel. Jacquemoud, connu pour son expertise exceptionnelle en ski-alpinisme et son endurance; Lafaille, un skieur de pente aguerri avec une riche expérience sur les terrains difficiles de Chamonix; et Pierrel, qui, entre autres, a récemment skié le Cho Polu, ont offert à Manners une occasion inégalée d’améliorer sa condition physique et sa maîtrise technique.
L’ambition de Manners a été davantage alimentée par une vidéo captivante de la descente de Jean-Marc Bovin sur la face sud, qui, malgré son allure redoutable, a catalysé son engagement à affronter les parois abruptes et emblématiques des Alpes. « Ma réaction initiale était un mélange de crainte et d’intimidation, mais reconnaissant cela comme une opportunité idéale pour s’entraîner, cela correspondait parfaitement à mon objectif de la saison, » se souvient Manners.
Le projet a pris de l’ampleur lorsque Lafaille a identifié une fenêtre météorologique présentant des conditions idéales pour leur ascension. Cette période de neige printanière transformationnelle et l’importance de la ligne pour Lafaille, qui avait déjà guidé sur la montagne, ont souligné la nature significative de l’entreprise. Alors que le duo se préparait pour leur voyage, leurs efforts symbolisaient un défi personnel et une ambition partagée de conquérir l’une des descentes les plus vénérées des Alpes.
Anticipation et Stratégie : Préparation pour l’Aiguille du Moine
Dans les jours précédant leur descente ambitieuse de l’Aiguille du Moine, Fay Manners et son équipe ont démontré l’essence de la préparation et de la prévoyance. Avant ce défi, ils avaient achevé la première répétition d’une route – « Y’a pas foule » dans le bassin d’Argentière, initialement établie par Vivian Bruchez. Cette première tentative a servi d’échauffement et a solidifié leur partenariat, instaurant un ton confiant pour la tâche plus intimidante à venir.
Reconnaissant les difficultés potentielles posées par la chaleur du jour, qui pourrait compromettre les conditions de leur descente, l’équipe a opté pour une approche proactive. Ils ont gravi la montagne un jour plus tôt, passant la nuit dans un refuge de montagne pour commencer leur ascension dans les conditions optimales de la fermeté matinale. Cette stratégie leur a donné amplement le temps de repérer l’itinéraire, d’identifier les points nécessaires pour les rappels et de s’assurer que tout était en place pour une descente en toute sécurité.
Manners a souligné l’importance de cette phase de préparation, affirmant, « Nous pensions qu’il serait assez difficile de gérer la descente entière dans de bonnes conditions en utilisant la permière remontée mécanique. Alors, rester dans le refuge et commencer tôt était notre meilleur pari pour une neige parfaite. » Cette approche calculée souligne la planification méticuleuse et l’adaptabilité requises dans le ski de haute montagne, où la nature imprévisible de la montagne exige le respect et une réflexion soignée. Grâce à leur préparation assidue, Manners et son équipe ont illustré le mélange de passion et de prudence qui caractérise la communauté des passionnés de plein air.
Naviguer Aiguille du Moine
Leur voyage a commencé par une nuit au Couvercle, un refuge douillet qui leur a offert un bref répit avant l’importante tâche à venir. Ce prélude à leur aventure a instauré une ambiance réconfortante et laissé présager de la difficulté du trajet, car même les alpinistes chevronnés présents dans la cabane ont puisé de l’inspiration de leur audacieuse entreprise.
Partant à l’aube, vers 5 heures du matin, l’équipe a été immédiatement confrontée à la dure réalité de leur défi. La phase initiale de leur ascension impliquait de naviguer sur une dalle rocheuse à peine recouverte de neige dans l’obscurité, une épreuve qui présageait la nature exigeante de l’itinéraire. L’utilisation de deux piolets et de crampons dès le début soulignait la pente abrupte et l’exposition auxquelles ils étaient sur le point de faire face.
Manners a décrit l’expérience troublante de traverser des dalles glacées et de placer des protections sur des sections précaires. Un moment particulièrement tendu est survenu lorsque Tom Lafaille, en tête de l’ascension, a dû concevoir un assurage improvisé à partir de ses piolets, mettant en évidence l’adaptabilité requise dans de telles conditions extrêmes. Leur montée a été ponctuée par l’établissement de deux points d’abseil critiques, un mouvement stratégique qui a assuré leur descente en toute sécurité au milieu des conditions changeantes de la montagne.
Au fur et à mesure qu’ils s’élevaient, la nature intimidante de leur tâche devenait de plus en plus évidente. La nécessité de créer un ancrage Abalakov pour le rappel illustrait les réalités sévères du ski de haute montagne, où la préparation et la sécurité sont primordiales. Ce travail préparatoire minutieux était crucial pour leur succès et leur sécurité dans l’incertitude de l’obscurité d’avant l’aube.
En atteignant le sommet, le duo a fait face à un défi imprévu : une couverture nuageuse persistante qui a retardé l’assouplissement de la neige, essentiel pour une descente en toute sécurité – la période d’attente, remplie d’anticipation et d’anxiété, a mis à l’épreuve leur patience et leur détermination. « J’espère que la neige va s’assouplir, » a réfléchi Manners lors de ce moment tendu, capturant le mélange d’espoir et d’appréhension qui caractérise de telles entreprises à haut risque.
Descente en Douceur : Maîtrise de l’Aiguille du Moine
Lorsque le moment est venu de descendre l’Aiguille du Moine, l’atmosphère était chargée d’anticipation. Tom Lafaille, un vétéran aguerri du ski de pente raide, a marqué une pause au sommet, contemplant la descente. Ce moment d’hésitation a souligné l’immense défi qui les attendait. Fay Manners, observant la réflexion de Lafaille, ressentait de l’admiration et de la crainte, réalisant l’ampleur de ce qu’ils s’apprêtaient à entreprendre.
Cependant, alors qu’ils amorçaient leur descente, la peur s’est rapidement dissipée, remplacée par une montée d’adrénaline et de confiance. Manners a décrit la transformation de manière vivante, « Après quelques virages sautés, la neige semblait incroyablement douce et lisse sous nos skis, signalant que nous étions sur la bonne voie. » Bien que bref d’environ 400 mètres, cette partie initiale du voyage a constitué un test significatif de leurs compétences et de leur détermination.
La descente s’est révélée étonnamment rapide, grâce à deux descentes en rappel stratégiquement placées qui ont facilité leur progression. Manners a noté : « La descente a filé à toute vitesse. Il s’agissait de descendre à ski, de gérer les cordes rapidement et de continuer notre voyage. » La préparation minutieuse et les conditions de neige fermes qui avaient facilité leur ascension ont maintenant contribué à une descente douce et exaltante.
En réfléchissant à cette expérience, Manners a ressenti un profond sentiment d’accomplissement et de soulagement, « C’était vraiment spécial ».
L’approche de Fay Manners au ski de pente raide
Pour Fay Manners, se préparer à une descente abrupte est un exercice de préparation mentale et physique, mélangeant ses expériences variées en ski, escalade sur glace et escalade mixte. Malgré avoir consacré trois à quatre ans au ski de pente raide, Manners reconnaît son défi unique, surtout lorsqu’il n’est pas pratiqué exclusivement. « Pour quelqu’un comme moi, qui équilibre le ski de pente raide avec l’escalade sur glace et mixte, la préparation mentale prend une importance plus grande, » note Manners, mettant en évidence l’approche nuancée requise pour de telles entreprises.
En prévision de la descente de l’Aiguille du Moine, Manners et Tom Lafaille ont entrepris une sortie de ski préparatoire la veille, visant le Couloir Ouest sur la Pierre Joseph. Ce choix stratégique a servi d’amorçage pour leurs conditions et défis. « Skier une ligne rarement parcourue, comme celle de Pierre Joseph, aide à renforcer la confiance nécessaire pour des objectifs plus intimidants, » explique-t-elle. Cette accumulation méthodique d’expérience souligne l’importance de la familiarité avec les conditions et les nuances de la montagne, permettant à Manners d’aborder son objectif principal avec une confiance accrue.
Cette phase préparatoire ne concerne pas uniquement l’acclimatation physique, mais aussi la force mentale. Pour Manners, le contraste entre les vastes pistes ouvertes de Pierre Joseph et les terrains exigeants de l’Aiguille du Moine offrait un précieux changement de perspective, lui permettant de s’adapter à divers degrés de pente et d’exposition.
Dans le sillage de l’audacieuse descente de l’Aiguille du Moine par Fay Manners et Tom Lafaille, leur périple a non seulement marqué une étape personnelle importante mais a également établi un nouveau record dans la communauté du ski de pente raide. Inspirés par leur exploit, trois autres skieurs (Aurélien Lardy, Jules Socié et Damien Arnaud) ont depuis déjà suivi leurs traces, naviguant sur la même ligne difficile et contribuant à l’héritage de cette descente remarquable. Cet effet d’entraînement souligne l’impact de la réalisation de Manners et Lafaille, inspirant d’autres à explorer les limites de leurs propres capacités.
Le partenariat entre Manners et Lafaille, né d’une rencontre fortuite dans une cabane de montagne lors de leurs aventures respectives, a fleuri en une collaboration dynamique. Leur passion commune pour la conquête des descentes les plus redoutables des Alpes a conduit à la planification de futurs projets, chacun visant à repousser les limites dans le domaine du ski de pente raide. Ce partenariat en constante évolution reflète non seulement un respect mutuel pour les compétences de chacun, mais aussi une vision partagée pour explorer les territoires inexplorés du ski alpin.