Dominant fièrement le paysage kényan, le Mont Kenya, point culminant du pays et deuxième plus haut sommet d’Afrique, fait l’admiration des peuples qui l’entourent. S’élevant majestueusement au sud de l’équateur, ce volcan rouge ancien se situe à approximativement 150 kilomètres au nord-nord-est de Nairobi, la capitale. Ses cimes les plus élevées, Batian, Nelion et Lenana, atteignent respectivement 5 199 mètres, 5 188 mètres et 4 985 mètres, offrant un spectacle grandiose à quiconque a le privilège de les observer.
Le Mont Kenya, dont l’appellation signifie « montagne de l’autruche » dans la langue des Wakamba, peuple qui vit à son pied, a vu le jour il y a environ trois millions d’années suite à l’ouverture du rift est-africain. Longtemps recouvert d’une vaste calotte glaciaire, le temps et les éléments ont progressivement érodé ses pentes, lui conférant son relief singulier et ses multiples vallées descendant du sommet. Une douzaine de petits glaciers en phase de retrait rapide attestent encore aujourd’hui de ce passé glaciaire, persistant malgré des températures souvent négatives et un climat extrêmement changeant.
Dévoilé aux yeux de la communauté européenne en 1849 par Johann Ludwig Krapf, l’existence du Mont Kenya et de sa neige équatoriale a longtemps été source de scepticisme. Il fallut attendre 1883 pour que sa présence soit officiellement reconnue, et 1899 pour que le sommet soit vaincu par l’équipe d’Halford John Mackinder. Aujourd’hui, le Mont Kenya est une destination prisée des amateurs d’escalade grâce aux nombreux itinéraires et refuges disponibles pour l’ascension de ses principaux pics.
Outre sa splendeur topographique, le Mont Kenya est également réputé pour sa richesse biologique. Huit étages de végétation distincts tapissent ses pentes, formant un écosystème complexe où de nombreuses espèces, comme les lobelias, les séneçons ou les damans du Cap, ont élu domicile. Pour protéger cette biodiversité, une zone de 715 km2 autour du sommet a été déclarée parc national du mont Kenya, un site classé au patrimoine mondial de l’UNESCO qui attire plus de 15 000 visiteurs chaque année.
Quick links
- Mont Kenya : Voyage à travers la Toponymie et l’Étymologie
- Exploration de la Géographie Majestueuse du Mont Kenya
- Géologie
- Climat
- La Fascinante Flore et faunes du Mont Kenya
- Au cœur de l’Histoire : Les Récits et les Légendes du Mont Kenya
- Populations et traditions
- Embrasser l’Aventure : Activités et Expériences au Mont Kenya
- Mont Kenya, classé au patrimoine mondial de l’UNESCO
Mont Kenya : Voyage à travers la Toponymie et l’Étymologie
Enrichi d’une longue histoire et de traditions variées, le Mont Kenya porte en lui des empreintes des tribus locales qui ont interagi avec lui à travers les âges. Ces dernières, attribuant au mont divers noms, ont insufflé une signification profonde et ont joué un rôle déterminant dans la formation de l’appellation actuelle du pays.
En effet, chaque tribu a sa propre désignation pour le Mont Kenya. Les Kikuyu l’appellent Kirinyaga, soit la « montagne blanche » ou « montagne brillante », tandis que les Embu optent pour Kirenia, qui signifie « montagne de la blancheur ». Les Maasaï le nomment Ol Donyo Eibor ou Ol Donyo Egere, soit respectivement « la montagne blanche » et « la montagne tachetée ». Cependant, les Kamba la nomment Kiinyaa, qui signifie « montagne de l’autruche », une référence à la couleur des pics enneigés juxtaposée aux rochers noirs, évoquant le plumage du mâle.
La déformation de Kiinyaa en Kegnia, telle que notée par Johann Ludwig Krapf lors de son observation du mont en 1849, a été le point de départ de l’évolution de l’orthographe du nom du mont. À cette époque, l’appellation ne nécessitait pas l’ajout de « mont » devant le nom. Ce n’est qu’en 1894 que le toponyme actuel « mont Kenya » apparaît, avant d’être officialisé en 1920 avec la fondation de la colonie et protectorat du Kenya, précédemment protectorat britannique d’Afrique de l’Est. Plus tard, en 1963, l’indépendance du Kenya et l’élection de Jomo Kenyatta comme premier président, provoqueront une modification de la prononciation de Kenya en ˈkɛnjə, rapprochant ainsi les prononciations anglaise et française.
L’attribution des noms aux pics du Mont Kenya provient de trois sources distinctes. Les pics Batian sont nommés en l’honneur du chef maasaï M’batian et de sa famille : Nelion pour son frère Nelieng, Sendeyo pour son fils aîné, et Lenana pour son second fils et successeur. Ces dénominations ont été proposées par Halford John Mackinder sur suggestion de Hinde, officier résident du Maasailand. D’autres pics portent le nom de grimpeurs ou d’explorateurs célèbres comme Eric Shipton, Sommerfelt, Bill Tilman, Dutton et Arthur. Quelques-uns ont été baptisés d’après des personnalités kényanes connues, à l’exception des pointes John et Peter, qui ont été nommées d’après deux disciples du missionnaire Arthur.
Ainsi, la toponymie et l’étymologie du Mont Kenya reflètent non seulement son histoire naturelle et géologique, mais aussi le patrimoine culturel des peuples qui l’ont côtoyé à travers les époques.
Exploration de la Géographie Majestueuse du Mont Kenya
Le Mont Kenya : Majesté Géographique et Singularité Époustouflante
Emergent majestueusement à 5 199 mètres d’altitude, le mont Kenya domine le paysage au centre du Kenya, à une distance d’environ 150 kilomètres au nord-nord-est de la capitale, Nairobi. Le géant, qui marque le point culminant du pays et est le deuxième sommet le plus élevé d’Afrique, se situe juste au sud de l’équateur, son rival le Kilimandjaro se trouvant à 320 kilomètres plus au sud, du côté tanzanien de la frontière.
Entouré par les villes de Nyeri au sud-ouest, Nanyuki au nord-ouest et Embu au sud-est, le mont Kenya est administrativement partagé entre les comtés de Meru, Tharaka-Nithi, Embu, Kirinyaga et Nyeri. Il déploie un complexe volcanique presque circulaire, s’étendant sur un diamètre de 80 à 100 kilomètres. Une route qui en fait le tour à sa base s’étire sur plus de 300 kilomètres de longueur.
Cependant, en dépit de son ampleur et de son influence impressionnantes, le mont Kenya est presque deux fois moins volumineux que le Kilimandjaro. Cette disparité de volume met en relief la spécificité de chaque montagne, chaque sommet exhibant sa propre allure, son propre caractère et sa propre grandeur.
Les Pics Majestueux du Mont Kenya : Élévation et Splendeur Volcanique
Dressant fièrement leurs sommets vers le ciel, les pics du mont Kenya, majoritairement d’origine volcanique, sont un spectacle impressionnant. Ces formations montagneuses se concentrent près du centre de la montagne, exhibant une allure alpine marquée par leur profil très découpé et s’élevant à l’intersection des crêtes. Un peu plus loin, les necks s’ornent d’un manteau de cendre volcanique et de terre.
Ces sommets, tous plus majestueux les uns que les autres, culminent à des altitudes vertigineuses : la pointe Batian atteint les 5 199 mètres, la pointe Nelion s’élève à 5 188 mètres et la pointe Lenana atteint les 4 985 mètres. Les deux premiers sommets sont séparés par un passage évocateur, la « Porte du Brouillard ». Le pic Coryndon, quatrième en termes d’altitude avec ses 4 960 mètres, se distingue des précédents en se situant en dehors de la formation centrale.
Autour de ces cimes principales, d’autres sommets, tels que la pointe Pigott (4 957 mètres), la pointe Dutton (4 885 mètres), la pointe John (4 883 mètres), la pointe John inférieure (4 757 mètres), la pointe Slade (4 750 mètres) et le pic Midget (4 700 mètres) se dressent, leurs formes pyramidales prononcées offrant un relief spectaculaire à l’ensemble. Au sud de la Gorges Valley, une crête abrite une multitude d’autres pics élevés. Plus au nord de la formation principale, le Terere (4 714 mètres) et le Sendeyo (4 704 mètres) dressent leurs pics jumeaux, formant une configuration distincte sur le flanc de cette montagne exceptionnelle.
Hydrographie, les Cours d’eau et Glaciers du Mont Kenya : Source de Vie et Fragilité
Les pentes du mont Kenya sont parsemées de cours d’eau, nourrissant ainsi deux des plus grandes rivières du pays : le Tana et l’Ewaso Ng’iro. Elles sont d’une importance vitale, fournissant de l’eau à près de deux millions de personnes. Chaque cours d’eau porte le nom du village sur les flancs de la montagne où il s’écoule. Par exemple, la rivière Thuchi marque la frontière entre les districts de Meru et Embu. En 1988, le Tana était particulièrement crucial pour l’économie du pays, fournissant 80 % de l’électricité du Kenya grâce à une série de sept installations hydroélectriques.
La densité des cours d’eau est particulièrement remarquable sur les pentes inférieures qui n’ont jamais été recouvertes par des glaciers. Dans les parties supérieures, l’ancienne calotte glaciaire qui recouvrait la montagne durant le Pliocène a façonné de vastes vallées glaciaires, d’un profil distinct en « U », généralement centrées autour d’un large cours d’eau. C’est là que le relief du volcan bouclier a été préservé, les glaciers ayant sculpté les flancs de la montagne pendant des milliers d’années. Ainsi, la partie basse de la montagne est caractérisée par des vallées fréquentes et profondes au profil en « V ». La transition entre ces deux types de vallées est clairement visible.
De nombreux ruisseaux du mont Kenya, tels que le Keringa et la Nairobi au sud-ouest, se déversent dans le Sagana, affluent du Tana. D’autres, comme les Mutonga, Nithi, Thuchi et Nyamindi au sud et à l’est, se jettent directement en aval du Tana. Les cours d’eau qui serpentent le versant septentrional, comme les rivières Burguret, Naro Moru, Nanyuki, Liki ou Sirimon, alimentent l’Ewaso Ng’iro.
Au niveau des glaciers, le seul glacier suspendu du mont Kenya se trouve entre les pics Batian et Nelion, les autres étant des glaciers de vallée ou de cirque. Actuellement, ces glaciers subissent un retrait rapide. Des photographies historiques, conservées par le Mountain Club of Kenya à Nairobi, attestent d’un recul notable des glaciers par rapport à leur état lors de la première ascension de la montagne en 1899. Malheureusement, la disparition totale des glaciers est anticipée pour le milieu des années 2030. En 1980, leur surface totale était estimée à 0,7 km². Parmi ces glaciers, on trouve les Northey, Krapf, Gregory, Lewis, Diamond, Darwin, Forel, Heim, Tyndall, Cesar et Josef.
Géologie
Orogenèse et Géologie : Les Vestiges Volcaniques du Mont Kenya
Le mont Kenya est un stratovolcan éteint, dont la phase éruptive a eu lieu entre 2,6 et 3,1 millions d’années auparavant. Sa création est due à l’ouverture du rift Est-africain, un phénomène géologique qui a également donné naissance à son voisin, le Kilimandjaro. À une époque, le mont Kenya a probablement atteint une altitude impressionnante de 6 500 mètres, arborant un profil similaire à celui du Kilimandjaro d’aujourd’hui. Cependant, l’érosion causée par la calotte glaciaire a remodelé sa structure, réduisant son altitude.
Aujourd’hui, les sommets les plus élevés du mont Kenya sont les vestiges des matières volcaniques les plus résistantes. Elles se sont solidifiées sous l’ancien cratère principal, formant ainsi une roche cristalline connue sous le nom de syénite. Cette roche magmatique plutonique grenue est composée de feldspath alcalin, de néphéline, de biotite et de hornblende, ce qui lui confère une robustesse exceptionnelle.
Les alentours des pics principaux sont parsemés de diverses formations rocheuses. On y trouve des tufs, des conglomérats et des roches résultant des coulées de lave, offrant une mosaïque géologique riche et complexe qui témoigne de l’activité volcanique ancienne de cette montagne majestueuse. Ainsi, le mont Kenya incarne une véritable chronique géologique en 3D de l’orogenèse de l’Afrique de l’Est.
Variété des Sols du Mont Kenya : Un Écosystème Riche en Composition
Le mont Kenya est un tableau vivant de diversité écologique et géologique, révélé à travers la constitution de ses sols qui changent d’une altitude à une autre, traduisant une symphonie complexe d’événements naturels.
Aux altitudes les plus élevées, à plus de 4000 mètres, les sols sont le produit de glaciations récentes, où la vie organique se fait rare. Ici, des loams marqués par des traces de vie biologique se mêlent à un paysage dominé par des éboulis. Les sols morainiques et les crêtes érodées, avec des formes de vie organique plus variées, sont courants en dessous de ces hauteurs. Ces sols sont assez jeunes, généralement moins de 10 000 ans, et deviennent plus fins en vieillissant.
En descendant de l’altitude des landes à la zone des bambous, les sols, autrefois couverts par la calotte glaciaire, sont maintenant humiques, abritant une vie organique variée. Les précipitations intenses provoquées par les vents anabatiques du côté occidental induisent un lessivage des sols, entraînant le dépôt de limon entre les roches sur les flancs des vallées. De nombreuses cheminées volcaniques secondaires parsèment cette zone, et les sols qui les recouvrent contrastent fortement avec les cratères secondaires en termes de vie organique.
À une altitude comprise entre 2000 et 3000 mètres, sur les pentes basses de la montagne qui n’ont jamais été recouvertes par la calotte glaciaire, la forêt prédomine ou bien les terres sont cultivées. La terre est enrichie d’une épaisse couche d’humus argileux, bien que la végétation sur les versants est et sud soit moins dense, exposant des sols argileux. En revanche, le versant nord-ouest abrite un sol bien drainé de couleur rouge foncé.
En bas de la montagne, sur les piémonts, les villages entourant la montagne présentent un réseau dense de cours d’eau s’écoulant dans des vallées profondes, produisant un limon brun au centre, près du lit des rivières, et de l’argile sur les flancs. Les sols de cette région sont généralement très fertiles, en raison de leur origine volcanique, et bien qu’ils soient facilement érodables, ils sont protégés par la végétation.
Le mont Kenya est également la scène de formations de reliefs périglaciaires malgré sa situation sur l’équateur, induites par les températures nocturnes qui favorisent la formation de pergélisol situé à quelques centimètres sous la surface. Ces expansions et contractions à la surface du sol empêchent l’établissement d’une végétation robuste. Ces différents types de sols, riches et variés, contribuent au caractère unique du mont Kenya, et sont une composante essentielle de son écosystème.
Climat
Un Bal Saisonnier : Les Caprices Climatiques du Mont Kenya
Le mont Kenya, situé à cheval sur l’équateur, est doté d’un système climatique saisonnier remarquablement unique. Avec deux saisons humides et deux saisons sèches, c’est un tableau dynamique des caprices de la mousson. De mi-mars à juin, la montagne est inondée par la saison des « longues pluies ». Après ce déluge, une période de relative sécheresse s’installe jusqu’en septembre, seulement interrompue par les « courtes pluies » d’octobre à décembre. La saison la plus sèche, qui s’étend de décembre à mi-mars, apporte ensuite un répit aux terres saturées.
L’emplacement équatorial unique du mont Kenya entraîne un phénomène intéressant pendant l’été de l’hémisphère nord, lorsque le soleil est au nord de la montagne. Cela engendre des conditions estivales sur le versant nord de la partie supérieure de la montagne, tandis que le versant sud connaît un hiver marqué. Inversement, pendant l’été de l’hémisphère sud, les conditions se retournent, créant un ballet fascinant de changements climatiques saisonniers.
Ces oscillations entre les saisons humides et sèches sont principalement dictées par la zone de convergence intertropicale (ZCIT), une ceinture de basse pression qui entoure l’équateur. Pendant les deux saisons sèches, la ZCIT se trouve respectivement au-dessus de la péninsule Arabique en juillet, puis entre le sud de la Tanzanie et le nord de la Zambie en mars. Alors que la ZCIT traverse le Kenya entre ces deux extrêmes, la région entre dans une saison humide.
La quantité de précipitations, cependant, n’est pas constante et dépend en grande partie de la température de surface de l’océan Atlantique et de l’océan Indien, ainsi que du phénomène El Niño. Des eaux océaniques plus chaudes et un El Niño fort sont souvent le prélude à des précipitations abondantes.
La topographie du mont Kenya elle-même influence également le climat local. S’élevant abruptement de 1400 mètres à 5199 mètres, la montagne fait face à des vents dominants du sud-est presque toute l’année, formés par une basse pression persistante au-dessus du Tibet. En janvier cependant, une inversion a lieu et des vents du nord-est balayent la montagne.
Ces vents, rencontrant l’obstacle formidable du mont Kenya pendant la saison humide, apportent de l’air saturé en eau depuis l’océan Indien. Cet air, parfaitement stratifié et nuageux, est généralement dévié autour des flancs de la montagne pour finalement l’encercler, en particulier de juin à octobre. Le reste de l’année, il n’est pas rare que l’air soit contraint de monter, provoquant des pluies orographiques qui peuvent parfois se transformer en violents orages. Ainsi, le mont Kenya vit au rythme d’une danse climatique sans fin, façonnée par la mousson, les courants océaniques et sa propre majestueuse stature.
Un Ballet Céleste : Les Variations Météorologiques Quotidiennes du Mont Kenya
Les variations météorologiques quotidiennes du mont Kenya sont marquées par un cycle prévisible et pourtant spectaculaire. Pendant la saison sèche, le géant africain est témoin de larges fluctuations de température qui oscillent entre les extrêmes du jour et de la nuit, une particularité si remarquable qu’elle a inspiré à Hedberg la phrase : « l’hiver toutes les nuits et l’été tous les jours ». Bien qu’il puisse y avoir des variations dans les températures minimales et maximales d’un jour à l’autre, l’écart type de la moyenne horaire reste faible, renforçant le caractère régulier de ce modèle météorologique.
Le lever du jour apporte un matin clair et frais, avec peu d’humidité. Les rayons directs du soleil illuminent la montagne, faisant grimper les températures rapidement jusqu’à un pic entre neuf heures et midi, moment où les pressions atteignent généralement leur maximum.
À mesure que la journée avance, un changement remarquable se produit à basse altitude, entre 2400 et 3000 mètres. L’humidité apportée par le lac Victoria commence à former des nuages au-dessus de la zone forestière occidentale. Sous l’influence de vents anabatiques, provoqués par l’air chaud ascendant, ces nuages progressent lentement vers le sommet dans l’après-midi. Vers quinze heures, le rayonnement solaire au sol est le moins intense, et l’humidité à son maximum, ce qui entraîne une augmentation des températures réelles et perçues. À seize heures, la pression atteint un creux.
Cette couverture nuageuse quotidienne joue un rôle protecteur crucial pour les glaciers sur le versant sud-ouest, qui sans elle seraient exposés directement au rayonnement solaire chaque jour, accélérant ainsi leur fonte. Poursuivant leur ascension, les nuages atteignent finalement les courants d’air sec de l’est, laissant place à un ciel dégagé à partir de dix-sept heures, et donnant lieu à un autre pic de température.
Le mont Kenya, situé sur l’équateur, bénéficie d’une durée du jour presque constante tout au long de l’année, avec douze heures de soleil. Le soleil se lève à 5h30 et se couche à 17h30, offrant un rythme diurne immuable. La nuit, le ciel est généralement clair avec des vents catabatiques soufflant vers les vallées. En amont de la zone alpine basse, les températures descendent souvent sous le point de congélation, apportant la touche finale à ce ballet quotidien des éléments.
Un Spectacle Thermique : Les Variations de Températures sur le Mont Kenya
Les températures du mont Kenya offrent un spectacle de variations impressionnantes. Sur les pentes basses, dans les terres, la fluctuation est particulièrement marquée. Un écart moyen de 11,5 °C est observé sur une journée à 3000 mètres d’altitude, 7,5 °C à 4200 mètres et 4 °C à 4800 mètres. Avec l’altitude, la fluctuation diurne des températures diminue, réduisant ainsi le gradient thermique adiabatique pendant la journée. Cela signifie qu’il est plus faible que la moyenne pour de l’air sec durant le jour. La nuit, ce gradient est encore plus faible, les vents catabatiques venant des glaciers le faisant chuter davantage. Il n’est pas rare que les températures tombent en dessous de -12 °C dans les zones alpines. La fluctuation thermique est moindre pendant la saison humide, les nuages agissant comme un tampon thermique.
L’étroite relation entre les variations de température et le rayonnement solaire direct est un autre élément clé. L’ensoleillement direct réchauffe rapidement le sol de quelques degrés, ce qui entraîne à son tour le réchauffement de l’air près du sol. Cet air se refroidit rapidement pour atteindre une température d’équilibre avec l’air ambiant lorsque le ciel se couvre. Les couches d’air situées à cinquante centimètres du sol, dans les vallées, transmettent aussi de la chaleur aux couches d’air supérieures la nuit.
Pendant les nuits claires de la saison sèche, le sol se refroidit rapidement, refroidissant à son tour l’air environnant. Ces échanges thermiques provoquent la circulation des vents catabatiques depuis les crêtes vers les vallées, entraînant un phénomène d’inversion de température. La Teleki Valley, par exemple, est souvent 2 °C plus froide la nuit que les crêtes qui la surplombent, une observation faite par Baker. La flore locale, comme les lobelias ou les séneçons, a dû s’adapter à ces conditions extrêmes, avec pour résultat que seuls les spécimens les plus grands survivent au gel, généralement fatal pour leurs parties vitales.
Un Paradis des Précipitations : Les Pluies et les Chutes de Neige sur le Mont Kenya
Le mont Kenya, qui bénéficie de précipitations abondantes, enregistre le plus grand volume durant la saison humide de mi-mars à juin, bien que ce niveau varie considérablement d’une année à l’autre. Pendant les saisons humides, les averses sont presque incessantes. Près de la moitié des précipitations annuelles tombe pendant les longues pluies, de mi-mars à juin, un autre tiers du total s’ajoute entre octobre et décembre, pendant les courtes pluies.
En dépit des variations saisonnières, le versant sud-est du mont reste l’endroit le plus arrosé tout au long de l’année, une conséquence de la direction des vents dominants. À l’ouest, l’abondance des précipitations est principalement due aux effets du soleil, qui, lorsque le ciel est dégagé, pousse les vents anabatiques dans les vallées, conduisant les nuages vers le sommet de la montagne en début d’après-midi. Sans ce phénomène, il a été prouvé que cette zone serait en fait dans l’ombre pluviométrique.
Au-delà de 4 500 mètres d’altitude, la plupart des précipitations se transforment en neige. Cependant, en raison de l’air sec qui règne à ces altitudes, ces chutes de neige sont plutôt rares. Par conséquent, le gel nocturne constitue la principale source d’eau dans les zones alpines et nivales. Il joue un rôle déterminant dans l’alimentation des glaciers, même s’il n’existe actuellement aucun moyen précis de mesurer sa contribution. En aval, pendant la saison sèche, la rosée matinale remplit une fonction similaire et l’on estime que la majorité des petits cours d’eau sont alimentés de cette manière.
La Fascinante Flore et faunes du Mont Kenya
La Diversité Florale des Plaines du Mont Kenya
Enveloppant le mont Kenya, les plaines, ou « lowlands », constituent une part importante du plateau Est-africain et se trouvent généralement à une altitude avoisinant les 1 000 mètres. La chaleur et la sécheresse qui caractérisent le climat de ces régions ont favorisé le développement d’une végétation essentiellement savanique, marquée par la présence d’épineux.
Un éventail d’espèces d’herbes y prospère, apportant des nuances de vert à ce paysage aride. Les arbres et les arbustes, dispersés çà et là, servent les besoins divers des populations locales. On trouve fréquemment dans ces zones le lantanier et différentes espèces d’euphorbes, des buissons robustes utilisés dans la construction de haies et de palissades.
Si les savanes abritent des foyers d’espèces originelles, dominés par les genres Acacia et Combretum, elles ont également accueilli de nouvelles espèces, introduites pour des besoins alimentaires et économiques. Les eucalyptus et les arbres fruitiers figurent parmi ces nouvelles venues qui ont su s’adapter à ce climat difficile, témoignant de la capacité de la nature à se réinventer face aux défis et aux besoins humains.
Les Terres Cultivées du Mont Kenya : Un Paysage Agraire en Évolution
Sur les pentes basses du mont Kenya, à une altitude inférieure à 1 800 mètres, s’étend un paysage agraire intensif. Ces régions tirent parti d’un sol riche en humidité et d’une grande fertilité due à une activité volcanique passée. Autrefois enveloppées de forêts luxuriantes, ces terres sont désormais laborieusement cultivées, les arbres résiduels évoquant un écho des espèces autrefois présentes. Certains de ces arbres ont été préservés pour des raisons spécifiques, qu’il s’agisse de leur caractère sacré, comme c’est le cas du ficus, ou de leur utilité pratique. Il n’est pas rare de voir des cultures vivrières pousser à l’ombre de ces géants silencieux, beaucoup d’entre eux ayant été épargnés lors de la déforestation pour fournir de l’ombre au bétail. Dans le même temps, de nouvelles espèces exotiques telles que le pin, l’eucalyptus et le cyprès ont été introduites.
L’empreinte des Européens est indéniable dans le paysage agraire du mont Kenya. Les cultures traditionnelles de millet, de sorgho ou d’igname qui étaient cultivées pour la subsistance au XIXe siècle ont été supplantées par des cultures plus lucratives telles que le blé et l’orge, favorisées par l’implantation de grandes fermes.
Les précipitations variables selon les versants ont entraîné une diversité de cultures. Sur les pentes méridionales plus humides, le thé, le café et le riz prospèrent. Les pentes septentrionales, plus sèches, sont préférées pour les pommes de terre, le maïs, les agrumes et les mangues. Pour augmenter la productivité, un système d’irrigation a été mis en place. Cependant, malgré l’importance du mont Kenya comme source d’eau, une diminution de la quantité d’eau a été observée dans les régions en aval, entraînant des périodes de sécheresse.
Les plaines du mont Kenya étaient autrefois le terrain de jeu de nombreux animaux sauvages. Les buffles, les rhinocéros, les lions et une variété d’antilopes étaient couramment observés, tout comme les hippopotames et les crocodiles peuplant les rivières. Après 1900, la plupart de ces animaux ont été éliminés ou ont migré ailleurs, bien que certains, comme les hyènes et les porcs-épics, subsistent encore.
En montant vers l’altitude de 1 800 à 2 500 mètres, une forêt de l’étage collinéen est rencontrée. Ces forêts sont exploitées par les habitants pour des industries sylvicoles, telles que la scierie, l’ébénisterie et la construction. Les pentes les moins productives du mont Kenya sont réservées à l’élevage, principalement pour la production de lait.
La Forêt de l’Étage Montagnard du Mont Kenya : Écosystème Fragile et Riche en Biodiversité
Le paysage au Mont Kenya est caractérisé par une diversité floristique et faunistique remarquable, qui varie de manière spectaculaire avec l’altitude. La lisière extérieure des forêts qui entourent le massif commence à environ 32 à 40 kilomètres du centre, où se trouvent les glaciers, et s’étend sur environ 26 kilomètres d’épaisseur. L’altitude inférieure de ces forêts varie entre 2 000 et 2 500 mètres. La forêt de l’étage montagnard, qui nécessite au moins 1 300 mm de précipitations par an, se développe principalement dans les zones les plus humides. Les versants plus secs, comme le versant septentrional, sont recouverts de landes et de bruyères, la pluviométrie insuffisante ne permettant pas le développement forestier.
Ces forêts ont été utilisées par les habitants locaux pendant des siècles, la récolte du miel, du bois, de l’ivoire et des peaux d’animaux ainsi que de certaines plantes pour leurs vertus médicinales et supposées magiques étant des pratiques courantes. Cependant, avec l’arrivée des colons européens dans les années 1890, la forêt a subi des changements radicaux. De nouvelles plantes exotiques ont été introduites et les sols fertiles des pentes basses du mont Kenya ont été appropriés pour l’agriculture, ce qui a entraîné une déforestation accrue.
Les forêts se répartissent en deux zones distinctes en fonction des espèces d’arbres dominantes. Au sud et à l’est, on trouve la forêt humide dominée par Ocotea usambarensis, une espèce proche du camphrier. Le nord et l’ouest sont occupés par des forêts de genévriers, avec une petite portion de forêt s’étendant au nord-est jusqu’aux plaines de Meru. Ces forêts sont menacées par les incendies souvent causés par les Masaï, qui brûlent l’herbe pour favoriser la croissance de nouvelles pousses après les pluies.
Sur les versants méridionaux et orientaux du mont Kenya, la forêt de « camphriers africains » (Ocotea usambarensis) a été largement déboisée par les Kikuyu pour l’agriculture, jusqu’à la formation du Forest Administration Staff. Ce dernier a enseigné aux Kikuyu l’importance de la conservation des forêts pour assurer leur survie et leur utilisation durable. L’arbre le plus commun de cette forêt est le Mazaiti, qui offre un excellent bois dur et sert de refuge pour les abeilles.
Au nord-est du mont Kenya, la forêt sur les hauteurs de Meru se distingue par des espèces légèrement différentes, dont certaines sont désormais confinées à cette région à cause de la déforestation. Les mammifères, tels que les singes, les antilopes, les damans du Cap, les porcs-épics, les éléphants et les buffles d’Afrique, cohabitent dans ces forêts, bien que le rhinocéros ait été chassé jusqu’à l’extinction.
Les forêts du mont Kenya constituent un écosystème riche et diversifié, bien que fragile. Malgré les défis posés par l’exploitation humaine et la déforestation, elles demeurent un havre de vie et de biodiversité, jouant un rôle crucial dans l’équilibre écologique de la région.
La Zone des Bambous du Mont Kenya : Un Écosystème Enchanté de Verdure et de Vie
La zone des bambous du Mont Kenya est une bande altitudinale distincte, s’étendant entre 2 200 et 3 200 mètres. Comme une couronne naturelle, elle entoure la montagne, un spectacle remarquable et unique à l’Afrique de l’Est. Cette caractéristique est authentiquement naturelle, non attribuable aux activités de déforestation.
Le bambou, spécifiquement Yushania alpina, est l’espèce dominante de cette zone. Sa croissance est intimement liée aux conditions environnementales, nécessitant des précipitations suffisantes, un relief doux et un sol fertile. Par conséquent, la densité de ces bambous varie selon les régions : clairsemée au nord où les conditions sont moins favorables et absente à certains endroits, tandis qu’à l’ouest et sur les pentes humides du sud-est, ces bambous peuvent atteindre des hauteurs vertigineuses, respectivement supérieures à neuf et quinze mètres.
Le caractère envahissant de Yushania alpina a un impact significatif sur la diversité végétale de cette zone. Le bambou supprime toute autre forme de végétation, empêchant les jeunes arbres de pousser. Néanmoins, quelques grands arbres survivent éparpillés, des vestiges d’un passé où la végétation était moins dense.
En ce qui concerne la faune, la zone des bambous ne fournit pas un habitat riche. Les tiges ligneuses du bambou ne sont guère attrayantes pour la plupart des animaux, entraînant une faune peu variée. Toutefois, des traces d’activité animale sont visibles à travers les nombreuses pistes qui sillonnent la zone. Ces voies sont utilisées par de grands mammifères, tels que les buffles et les éléphants, dans leur migration entre la forêt et les landes. Occasionnellement, ces géants de la faune africaine s’adonnent à un festin rare de jeunes pousses de bambou.
L’Étage Subalpin du Mont Kenya : Un Éden Floral entre Cimes et Vallées
Perchée entre 3 000 et 3 500 mètres d’altitude, l’étage subalpin du Mont Kenya se dévoile. Cette étendue, qui descend à des altitudes plus basses sur les pentes arides, est fréquemment baptisée zone Hagenia-Hypericum, du nom des arbres modestes qui y prédominent.
Un vent de diversité souffle dans ce royaume des cimes où cohabitent de manière harmonieuse des espèces telles que les Kniphofia, les imposants Lobelia et les délicates violettes africaines. Ces dernières, en particulier, ajoutent une touche de couleur et de douceur à l’ambiance brute et sauvage de cette altitude. Ce tableau idyllique dépeint un écosystème qui ne cesse de fasciner les amoureux de la montagne et de la nature sauvage.
La Zone des Landes et des Maquis du Mont Kenya : Un Écosystème de Contrastes et de Diversité
Entre 3 200 et 3 800 mètres d’altitude, la zone des landes et des maquis du Mont Kenya dévoile une biodiversité insoupçonnée, bien qu’elle soit moins distincte que ses équivalents sur le Kilimandjaro et la chaîne du Rwenzori. Cette zone s’étend plus largement sur le versant oriental du mont Kenya, bénéficiant d’une pluviométrie plus importante. Dans les vallées où elle s’impose, le sol se révèle souvent gorgé d’eau, un fait attribuable à la planéité relative et au drainage médiocre de ces milieux. C’est dans ce contexte que s’étend la fameuse « tourbière verticale » ou « Vertical Bog », une portion de l’itinéraire Naro Moru qui s’élève depuis la bordure supérieure de la forêt jusqu’à environ 3 600 mètres d’altitude.
Sur ce terrain humide, les landes se déploient majestueusement, peuplées principalement d’arbustes et de bruyères arborescentes (Erica arborea) pouvant atteindre dix mètres de hauteur. Le sol, quant à lui, se pare de mousses, notamment de sphaignes, de carex et de joncs (Juncus sp.) près des cours d’eau. Des herbes de toute sorte foisonnent sur ce sol marécageux, entrecoupées de fleurs colorées telles que Geranium vagans, Kniphofia thomsonii, Disa stairsii, Gladiolus watsonioides ou encore Dichrocephala chrysanthemifolia var. alpina. Parmi elles, se découvre également la Lobelia deckenii subsp. keniensis dans les zones humides, ainsi que des gentianes et d’autres espèces alpines aux altitudes les plus élevées.
Dans les milieux plus secs, le maquis, ou chaparral, s’impose, abritant une flore plus aromatique dominée par Artemisia afra ou Protea caffra subsp. kilimandscharica. Ces espaces plus drainés, comme les moraines et les crêtes, sont plus propices à ce type de végétation.
Quant à la faune, elle est représentée par le Mabuya varia, un reptile fréquent qui se dissimule sous les touffes de fétuques et les roches. De manière générale, les animaux qui évoluent dans ce milieu sont un mélange d’espèces forestières et alpines, incluant des rats, des souris, des campagnols terrestres, ainsi que leurs prédateurs naturels, les aigles, buses et milans. Des troupeaux d’élands sont parfois repérés, et même des lions, bien que très occasionnellement.
L’Étage Afro-Alpin du Mont Kenya : Un Monde de Beauté Sauvage et d’Adaptation Exceptionnelle
L’étage afro-alpin du Mont Kenya, un monde isolé et magnifiquement brut, s’étend entre 3 800 et 4 500 mètres d’altitude. Ses particularités géographiques ont favorisé l’évolution de nombreuses espèces endémiques, peuplant un paysage modelé par des écarts de températures marqués et une atmosphère sèche et ténue.
Ce terrain diversifié sert de toile de fond à un kaléidoscope de plantes résistantes, toutes adaptées à l’environnement rude. Les fétuques dominent ce tableau, mais une grande variété de fleurs sauvages, avec plus de cent espèces, éclatent en beauté tout au long de l’année. Parmi elles se trouvent des immortelles, des renoncules, des Asteraceae et Gladiolus crassifolius, un glaïeul africain. Les immortelles préfèrent les zones sèches et produisent des fleurs blanches ou roses, tandis que les renoncules jaunes poussent dans les zones humides.
Toutefois, les véritables vedettes de l’étage afro-alpin sont les séneçons géants, uniques aux montagnes d’Afrique de l’Est. Les espèces Dendrosenecio keniodendron et Dendrosenecio keniensis s’élèvent fièrement à plus de dix mètres de hauteur. Ces plantes, tout comme Lobelia deckenii subsp. keniensis, ont adapté leurs tissus pour permettre le gel de l’eau à l’intérieur de leurs cellules sans les endommager.
La faune de l’étage afro-alpin est aussi diversifiée et unique que sa flore. Le daman du Cap, l’Otomys orestes et le céphalophe de Grimm sont les espèces mammifères les plus répandues, chacune ayant évolué pour occuper une niche écologique distincte. D’autres habitants incluent Lophuromys aquilus, omnivore, et Tachyoryctes rex, qui creuse des terriers et se nourrit de racines et de tubercules. Des prédateurs comme le léopard, le lycaon, le lion et la mangouste rouge ont été observés, mais ils ne font généralement que des incursions occasionnelles dans l’étage afro-alpin, préférant les régions plus basses pour leurs périodes de repos.
L’altitude n’empêche pas une population diversifiée d’oiseaux de faire de l’étage afro-alpin leur domicile, avec des espèces de souimangas, de traquets afroalpins, de sturnidés, de bergeronnettes et de rapaces. La buse rounoir, le gypaète barbu ou l’aigle de Verreaux sont quelques-uns des habitants emplumés de ces hauts plateaux.
En dépit des rigueurs du climat, des papillons sont présents pendant la saison sèche. En revanche, l’altitude élevée est inhospitalière pour les abeilles, les guêpes, les puces et les moustiques. La faune aquatique est aussi représentée par la truite, introduite dans les cours d’eau et les petits lacs. De plus, la grenouille subalpine, le lézard alpin, la vipère de Hind et l’Algyroides alleni sont quelques-uns des reptiles et amphibiens qui vivent à cette altitude élevée.
Dans ce paysage d’une beauté sauvage, la vie a trouvé une manière de s’adapter et de prospérer, offrant une expérience de montagne inégalée pour les explorateurs en quête de paysages d’altitude remarquables. Les braves visiteurs qui se rendent à l’étage afro-alpin du Mont Kenya sont récompensés par la vue de ce tableau vivant, une célébration de la résilience de la nature face à des conditions extrêmes.
L’Étage Nival du Mont Kenya : Un Sanctuaire de Vie dans un Paysage Glacial et Fragile
L’étage nival du Mont Kenya s’étend généralement au-delà de 4 500 mètres d’altitude, constituant la zone d’où les glaciers se sont récemment retirés. C’est un terrain irrégulier et fragmenté, le reflet de l’écoulement désordonné des glaciers autrefois omniprésents. Seuls deux glaciers d’envergure subsistent, leur recul significatif offrant une opportunité d’étudier cet écosystème singulier.
Cet environnement austère est le berceau de petites colonies de plantes qui, malgré les conditions difficiles, se sont installées sur les terrains libérés par la glace. Elles poussent à l’abri des vents froids qui soufflent des glaciers et évoluent à un rythme extrêmement lent. Les plantes les plus communes sont des graminées et des chardons, tels que Dipsacus pinnatifidus, et de manière plus surprenante, des fleurs, dont Helichrysum brownei. Cette dernière a été observée au sommet du Batian, l’un des pics les plus élevés du Mont Kenya.
Les glaciers Lewis et Tyndall, protégés des vents glaciaux, offrent des conditions plus favorables pour la croissance des plantes. La petite fleur Senecio keniophytum est la première à coloniser ces régions, croissant à l’abri des rochers. Cette plante adaptative, dotée de longs poils pour se prémunir contre le froid, est suivie par les mousses et les lichens qui trouvent un habitat convenable sur les moraines. Ces derniers, en stabilisant les sols, favorisent l’installation ultérieure d’autres espèces de plantes.
Le daman du Mont Kenya habite jusqu’à la limite inférieure de l’étage nival, généralement en dessous de 4 700 mètres d’altitude. Bien que des lions et des léopards aient été aperçus à cette altitude, il s’agit d’un phénomène exceptionnel.
L’avifaune de l’étage nival est aussi impressionnante. Le souimanga de Johnston (Nectarinia johnstoni) vit jusqu’aux confins de cette zone, en particulier là où les Protea ont pris racine. Le traquet afroalpin (Pinarochroa sordida) est également présent. Au-dessus de 4 900 mètres d’altitude, le martinet à ventre blanc (Tachymarptis melba africanus) trouve son habitat. Cet oiseau résident vit en groupes de plus de trente individus et se nourrit d’insectes capturés au ras des cours d’eau et des lacs.
Ainsi, malgré un environnement qui semble hostile, l’étage nival du Mont Kenya abrite une diversité de vie étonnante, s’adaptant et prospérant au fur et à mesure que les glaciers reculent. C’est un milieu qui révèle l’extraordinaire capacité de la nature à coloniser les terrains les plus inattendus et les plus rudes.
Au cœur de l’Histoire : Les Récits et les Légendes du Mont Kenya
Épopée du Peuplement : La Mosaïque Tribale du Mont Kenya
L’histoire des tribus habitant aux abords du mont Kenya est riche et complexe, et ce n’est que récemment que cette chronique a été documentée, marquant un changement significatif dans la manière dont les traditions étaient transmises, passant d’un système purement oral à un système écrit avec l’intervention des Européens.
La tribu Gumba, composée de pygmées chasseurs-cueilleurs, est reconnue comme la première à occuper le mont Kenya. Malgré leur importante présence initiale, ces premiers habitants ont fini par s’éteindre, laissant la place à une vague d’immigration diversifiée.
La première tribu à migrer au pied du mont Kenya est celle des pré-Kamba, les ancêtres des Wakamba actuels. Ils sont arrivés du sud avant la fin du XIIIe siècle, préfigurant le début d’une série de migrations qui allaient transformer le paysage humain de cette région montagneuse.
À l’aube du XIVe siècle, les Tharaka et les pré-Chuka suivent le mouvement migratoire et s’installent dans la région. Le XVème siècle voit ensuite l’arrivée des pré-Kikuyu depuis la région de Mbéré. Ces derniers se divisent pour former deux tribus distinctes : les Embu et les Kikuyu.
La dernière vague migratoire notable intervient dans les années 1730, avec l’arrivée des pré-Meru, qui seront par la suite appelés Ngaa. Originaires de la côte indienne, ils s’installent définitivement dans la région aux alentours des années 1750.
C’est ainsi que le mont Kenya a vu un peuplement progressif et diversifié. Chaque tribu, avec ses propres traditions et modes de vie, a contribué à façonner l’histoire humaine de cette région montagneuse, laissant une empreinte indélébile sur le paysage culturel de la zone environnante.
Mont Kenya : Révélation et Conquête d’un Géant Africain
Sur le continent africain, le mont Kenya, avec ses cimes enneigées et ses vallées fertiles, est le deuxième des trois sommets majeurs à être découvert par les Européens, après le Kilimandjaro et avant le Rwenzori. Cette découverte est attribuée au Dr Johann Ludwig Krapf, un missionnaire allemand, qui aperçoit pour la première fois le mont Kenya le 3 décembre 1849 depuis Kitui, une ville située à une distance de 160 kilomètres de la montagne.
Les récits de la tribu Embu, résidant près de la montagne, décrivent un paysage frappé par un froid intense et une « chose blanche » qui dévale les pentes avec un bruit sourd. Ces témoignages, ainsi que ceux des Kikuyu mentionnant un sommet recouvert d’une substance ressemblant à de la farine blanche, permettent à Krapf d’en déduire l’existence de glaciers sur la montagne. Cette hypothèse est renforcée par l’observation que les rivières qui prennent source depuis le mont Kenya et d’autres montagnes de la région, contrairement aux rivières traditionnelles de l’Afrique de l’Est, ne s’assèchent jamais, suggérant une source constante d’eau en haute altitude.
La découverte du mont Kenya par Krapf est initialement accueillie avec scepticisme en Europe, où l’existence de neiges sur le Kilimandjaro n’est toujours pas reconnue. Pour soutenir ses affirmations, Krapf compare la situation aux sommets enneigés existant à cette latitude en Amérique du Sud et fait remarquer que la présence de neige a également été confirmée au Cameroun et en Abyssinie (l’actuelle Éthiopie), des régions très proches de l’équateur.
C’est seulement en 1883, soit trente-quatre ans après sa découverte, que l’explorateur écossais Joseph Thomson confirme l’existence du mont Kenya en passant près de son versant ouest. Thomson, qui compare sa forme à celle du Mawenzi au Kilimandjaro, déduit qu’il s’agit probablement de la bouche d’un volcan éteint.
La première exploration substantielle du mont Kenya n’est entreprise qu’en 1887, par le comte hongrois Sámuel Teleki et l’Autrichien Ludwig von Höhnel. Malgré des difficultés et des obstacles, ils parviennent à atteindre une altitude de 4 350 mètres sur le versant sud-ouest. Durant cette expédition, ils collectent des échantillons de plantes alpines du mont Kenya, comparables à celles du Kilimandjaro, et des échantillons de roches qui confirment l’origine volcanique de la montagne.
En 1893, une expédition dirigée par le géologue britannique Dr John Walter Gregory atteint finalement les glaciers à 4 730 mètres d’altitude. Gregory passe près de deux semaines à étudier la flore, la faune et la géologie du mont Kenya, nommant de nombreux éléments pour faciliter leur description. Malheureusement, l’expédition est interrompue lorsque les porteurs, souffrant du froid et de l’altitude, désertent le camp de base.
La fin du XIXe siècle voit de nombreuses autres explorations, facilitées par l’achèvement du chemin de fer jusqu’à Nairobi. C’est ainsi que le mont Kenya, autrefois inaccessible, devient un terrain d’exploration et d’étude, ouvrant la voie à des découvertes majeures sur la géologie, la biologie et le climat de ce sommet emblématique de l’Afrique.
La première ascension
Le 28 juillet 1899, sous un ciel indigo intense, une troupe disparate quitte Nairobi, se dirigeant vers le mont Kenya. Menée par Sir Halford John Mackinder, l’équipe compte six Européens, dont deux guides de haute montagne venus de Courmayeur, dans les Alpes, 66 Swahilis, deux guides masaï et 96 Wakikuyu.
Cependant, avant même d’atteindre les premières pentes de la montagne, l’expédition doit surmonter des difficultés majeures. La lutte pour engager des porteurs à Zanzibar, une épidémie de variole à Mombasa puis à Nairobi, et un départ précipité avant une mise en quarantaine obligatoire laissent l’équipe mal préparée pour l’aventure qui l’attend.
Après une marche de trois semaines ponctuée par des charges de rhinocéros, des traversées de rivières infestées d’hippopotames et des rencontres avec des populations locales plus ou moins accueillantes, ils arrivent finalement au pied du mont Kenya. Cependant, à ce moment-là, leur capacité à se procurer de la nourriture pour l’ensemble de l’équipe se retrouve sérieusement compromise par un chef local récalcitrant, obligeant une partie de l’équipe à partir en quête de vivres supplémentaires.
Mackinder et son équipe, malgré les problèmes, continuent leur progression. Après une journée dans la forêt, grâce à Ollier et Brocherel qui tracent la voie, ils arrivent dans la lande et dressent le camp dans la vallée de Höhnel. C’est là que leur premier camp de base est établi, bien que leur première excursion vers les sommets soit presque catastrophique à cause d’un feu qu’ils déclenchent accidentellement.
Leur première tentative d’ascension du Nelion, le 30 août, s’achève par un demi-tour forcé en raison d’une brèche qu’ils ne peuvent franchir. Dans les jours suivants, diverses tentatives d’exploration et d’ascension sont entravées par des obstacles insurmontables et des conditions météorologiques défavorables.
Cependant, une lueur d’espoir apparaît le 5 septembre lorsque l’équipe de secours, tant attendue, arrive enfin avec des vivres. Mackinder saisit cette opportunité pour lancer une nouvelle tentative d’ascension. Le 12 septembre, en compagnie d’Ollier et Brocherel, ils grimpent la face sud-est du Nelion, passent une nuit glaciale près du Gendarme, et traversent laborieusement le glacier Diamant avant d’atteindre le sommet du Batian le 13 septembre à midi.
Malgré le danger des tempêtes d’après-midi, ils passent quarante minutes au sommet, observant leur environnement et immortalisant leur victoire avec des photographies. Le retour par le même itinéraire est périlleux mais réussi.
Avant de dire adieu à cette montagne imposante, ils effectuent un dernier circuit autour de la zone des pics principaux. Ils aperçoivent Ithanguni, la montagne de l’est, avant de retourner à leur camp de base le 20 septembre, marquant ainsi la fin de leurs trente-trois jours sur le mont Kenya. Le voyage de retour vers Londres est entrepris avec enthousiasme, avec la hâte de partager l’histoire de leur conquête avec le monde.
Chronologie des xxe et xxie siècles
Au commencement du XXe siècle, le mont Kenya, alors Terre de la Couronne britannique depuis 1902, assiste à l’installation de la première grande entreprise de bois sur son versant nord-est en 1912. Les années 1920 voient l’émergence de plantations, créées pour fournir des espèces végétales à croissance rapide. Parallèlement à l’exploitation forestière, le mont Kenya attirait les amateurs de haute altitude. Diverses expéditions sont lancées, la plupart étant l’œuvre de colons du Kenya et sans aucun aspect scientifique.
La Mission de l’Église d’Écosse à Chogoria joue un rôle majeur en permettant à plusieurs missionnaires écossais de tenter l’ascension. De nouveaux itinéraires d’approche sont tracés à travers la forêt, facilitant grandement l’accès à la zone des pics. Ernest Carr contribue à la construction de deux refuges, Urumandi et Top Hut, facilitant davantage les ascensions.
En 1929, le Mountain Club of East Africa voit le jour, marquant une étape significative dans l’exploration de la montagne. La même année, la première ascension réussie du Nelion est réalisée par Percy Wyn-Harris et Eric Shipton, qui parviennent également à gravir le Batian. Ce dernier, accompagné de Bill Tilman, accomplit des premières ascensions de nombreux autres pics en 1930.
Durant les années 1930, des explorations ont lieu dans les landes autour du mont Kenya, loin des pics. L’année 1932 marque l’établissement de la Mount Kenya Forest Reserve. La Seconde Guerre mondiale donne lieu à une nouvelle vague d’ascensions, dont la plus remarquable est celle réalisée par trois prisonniers de guerre italiens, racontée dans « No Picnic on Mount Kenya ».
Le parc national du mont Kenya est établi en 1949, la même année où une route est construite depuis Naro Moru pour faciliter l’accès aux landes. Au début des années 1950, le mont Kenya est le théâtre du soulèvement Mau Mau, une rébellion kikuyu contre l’Empire colonial britannique. Les années suivantes voient la création du groupe de secours en montagne du parc national du mont Kenya, au début des années 1970, et le classement du mont Kenya en réserve de biosphère par l’UNESCO en 1978.
La zone tampon établie en 1980 entre la forêt et les terres agricoles joue un rôle déterminant pour prévenir l’empiètement des fermiers sur la montagne. En 1982, le Forest Act est révisé, interdisant l’exploitation de la forêt pour tout usage. Quinze ans plus tard, en 1997, le mont Kenya est finalement classé au patrimoine mondial de l’UNESCO.
Le XXIe siècle est marqué par la tragédie du crash aérien de 2003, où douze passagers et deux membres d’équipage perdent la vie. Cependant, l’histoire du mont Kenya est marquée non seulement par ces événements dramatiques, mais aussi par la fascination qu’elle a exercée sur les explorateurs, les grimpeurs et les amateurs de plein air tout au long des deux derniers siècles.
Populations et traditions
Bordé par des paysages impressionnants, le mont Kenya est le foyer de plusieurs tribus dont les Kikuyu, les Embu, les Masaï et les Wakamba. Chacune de ces tribus détient une riche histoire et des traditions qui entretiennent un lien fort avec la montagne, qui revêt une importance culturelle profonde pour chacune d’entre elles.
Les Kikuyu, par exemple, considèrent le mont Kenya comme le domicile de leur divinité suprême, Ngai, ce qui ancre la montagne au cœur de leur spiritualité et de leurs rites. De la même manière, les Embu, les Masaï et les Wakamba ont également des histoires et des légendes qui se rapportent à la montagne, témoignant de leur lien ancestral avec ce majestueux sommet.
En plus de son importance culturelle et spirituelle, le mont Kenya représente également une source de revenus pour ces communautés. L’activité touristique florissante, attirée par la beauté saisissante et les défis sportifs que propose la montagne, offre de nombreuses opportunités d’emploi. Certains membres de ces tribus travaillent comme guides, utilisant leurs connaissances approfondies du terrain et des conditions météorologiques pour aider les touristes à naviguer en toute sécurité sur la montagne. D’autres agissent comme porteurs, aidant à transporter l’équipement nécessaire pour les expéditions. D’autres encore trouvent un emploi en tant que gardiens de refuges, employés d’hôtel ou au sein des autorités du parc national du mont Kenya, contribuant ainsi à la préservation de la montagne tout en soutenant l’industrie du tourisme locale.
Il convient également de mentionner une pratique traditionnelle datant d’une époque où ces communautés se servaient de la montagne comme un refuge pour échapper aux percepteurs d’impôts. Ce rapport entre la montagne et les populations locales transcende les simples aspects économiques et révèle l’importance de la montagne comme un lieu de sécurité et de refuge.
En somme, le mont Kenya n’est pas seulement un sommet spectaculaire pour les amateurs de montagnes et de plein air, il est aussi un espace de vie pour plusieurs tribus dont les traditions et le mode de vie sont intimement liés à la montagne, faisant d’elle un tableau vivant de la culture kényane.
Les Kikuyu
Nichés sur les versants sud et est du mont Kenya, dans le district de Kirinyaga, se trouvent les Kikuyu. Cette tribu, principalement agricole, a su exploiter les terres fertiles imprégnées de cendres volcaniques des basses pentes de la montagne, produisant ainsi des cultures variées et abondantes.
Les Kikuyu entretiennent une relation spirituelle profonde avec la montagne, qu’ils nomment Kirinyaga ou Kilinyaga, ce qui signifie « la montagne blanche ». Pour eux, le mont Kenya est la demeure de leur dieu, Ngai. Comme un hommage constant à cette puissance divine résidant au sommet, les maisons Kikuyu sont traditionnellement construites avec la porte face à la montagne.
Les Kikuyu considèrent le mont Kenya comme une source d’inspiration et de sagesse divine. Les guérisseurs Kikuyu entreprennent régulièrement des pèlerinages sur la montagne en quête de conseils pour trouver des remèdes et de solutions thérapeutiques auprès de Ngai. Selon la tradition Kikuyu, « Lorsque la terre fut formée, un homme appelé Mogai créa une grande montagne appelée Kere-Nyaga. Une poudre blanche appelée Ira recouvrit le sommet, qui était le lit pour le dieu Ngai. »
La montagne est aussi un acteur central lors des cérémonies tribales importantes. Les mariages, les rites d’initiation et autres événements marquants de la vie sociale Kikuyu se déroulent généralement face à la montagne. La présence majestueuse de Kirinyaga offre un arrière-plan saisissant pour ces occasions, rappelant sans cesse la présence et la bénédiction du dieu Ngai.
Les Kikuyu illustrent ainsi la façon dont les peuples locaux du mont Kenya ont su intégrer l’environnement montagneux à leurs croyances spirituelles et à leur mode de vie quotidien, créant un lien indissociable entre l’homme et la nature.
Les Embu
Vivant sur le versant sud-est du mont Kenya, les Embu partagent avec les Kikuyu des croyances similaires et des pratiques architecturales communes en lien avec le dieu Ngai. L’appellation Embu pour le mont Kenya est « Kirenia », se traduisant par « la montagne de la blancheur ».
Malgré la présence imposante de la montagne dans leur environnement quotidien, les Embu n’ont que rarement tendance à explorer ses hauteurs. Les basses températures et les conditions rigoureuses aux altitudes plus élevées constituent une barrière naturelle pour ces tribus. Cependant, cela ne les a pas empêchés d’explorer jusqu’à l’étage afro-alpin de la montagne.
C’est d’ailleurs en s’aventurant dans ces altitudes que les Embu ont découvert un fait géographique significatif concernant la montagne. Ils ont fait part à Johann Ludwig Krapf, un explorateur européen, que les eaux du mont Kenya s’écoulent dans un vaste lac, qui alimente ensuite le fleuve Tana. Les descriptions données suggèrent que les seuls lacs correspondant seraient les lacs Michaelson et Ellis, tous deux situés dans l’étage afro-alpin. Cette transmission de connaissances démontre que malgré leur réticence à s’aventurer en haute altitude, les Embu ont un rapport étroit et intime avec le mont Kenya, son environnement et ses ressources.
Les Masaï
Auparavant résidents des versants nord et nord-ouest du mont Kenya, les Masaï ont vu leur territoire réduit par l’intrusion européenne. Reconnus comme une tribu nomade, ils utilisaient les vastes régions septentrionales de la montagne pour faire paître leur bétail. Cependant, la colonisation les a poussés vers des réserves plus au sud.
Le mont Kenya tient une place de choix dans les croyances ancestrales des Masaï. Selon eux, leurs ancêtres auraient fait leur apparition à l’aube des temps, descendant directement de la montagne. Leur affection pour cette montagne se reflète dans les noms qu’ils lui donnent : « Ol Donyo Eibor » et « Ol Donyo Egere », qui signifient respectivement « la montagne blanche » et « la montagne tachetée ».
En 1899, lorsque Halford John Mackinder fit sa première ascension du mont Kenya, la montagne était considérée par les Masaï comme faisant partie intégrante de leur territoire. Mackinder pensait que le nom « Kenya » était une déformation du mot Masaï pour « brouillard ». En hommage à cette croyance, il baptisa la brèche entre le Batian et le Nelion, deux sommets du mont Kenya, la « Porte du Brouillard ». Une appellation évocatrice, qui souligne le lien profond qui unit les Masaï à cette montagne majestueuse.
Les Wakamba
Établis à l’ombre du mont Kenya, les Wakamba lui attribuent une symbolique tout aussi riche que le paysage varié de ses pentes. Deux noms se démarquent en particulier : « Kima Ja Kegnia » et « Kiinyaa », signifiant respectivement « la montagne de la blancheur » et « la montagne de l’autruche ». Cette dernière appellation est une référence directe au contraste visuel frappant des sommets, où la blancheur des neiges éternelles se mêle au noir profond des rochers, rappelant ainsi le plumage distinctif du mâle autruche.
D’autres noms, comme « Njalo », sont également utilisés par les Wakamba pour désigner la montagne. Ce terme, signifiant « brillant », partage une racine commune avec « Kilima Njaro », le nom du célèbre Kilimandjaro.
L’explorateur Johann Ludwig Krapf a d’ailleurs fait la première observation documentée du mont Kenya depuis un village Wakamba, Kitui, en 1849. Aujourd’hui, il est largement admis que le nom moderne « Kenya » trouve ses origines dans l’appellation Wakamba « Kiinyaa », soulignant ainsi l’influence durable de cette culture sur la dénomination du pays tout entier.
Les autres tribus
S’élevant au-dessus des plaines, le mont Kenya est entouré par une mosaïque de tribus, chacune ajoutant sa couleur unique à la toile de la diversité culturelle de la région. Les Meru, vivant sur le versant nord-est, croient que la montagne est la demeure de leur dieu Ngai. Ils nomment la montagne « Kirimaara », ce qui signifie « la montagne qui brille », reflétant sans doute le spectacle des sommets enneigés scintillant sous le soleil.
Les Wakuafi, résidant sur le versant sud, nomment également le mont Kenya « Orldoinio eibor », qui se traduit par « montagne blanche », tandis que les Wadaicho, habitant sur le versant est dans les forêts, perpétuent un mode de vie axé sur la nature.
Un peu plus au nord, la tribu Wasuk partageait autrefois le territoire avec les Masaï. Sur le versant ouest, près de la base du mont Kenya, vivent les Andorobbo, des chasseurs habiles qui traquent le buffle et l’éléphant pour se nourrir et vendre l’ivoire. Ils nomment la montagne « Doinyo Egeri », qui signifie « montagne noire », une référence à leur perspective unique depuis un versant où les rochers dominent et les glaciers se font plus rares.
Habitués à explorer, voire à habiter à l’étage afro-alpin, les Andorobbo s’aventurent de nos jours rarement au-delà de la forêt. L’expédition de 1899 de Halford John Mackinder a rencontré des membres de la tribu Wanderobo à une altitude d’environ 3 600 mètres, témoignant de leur adaptabilité exceptionnelle à ce milieu. Enfin, le nom zanzibari pour le mont Kenya est « Meru », une autre illustration de la richesse des appellations et des traditions entourant ce géant de la nature.
Embrasser l’Aventure : Activités et Expériences au Mont Kenya
Protection environnementale
La montagne qui trône au cœur du Kenya a bénéficié d’un processus de protection environnementale déployé progressivement tout au long du XXe siècle. Dès 1932, la Mount Kenya Forest Reserve est établie, soulignant l’importance accordée à la préservation de ce paysage naturel exceptionnel. Cette première initiative est renforcée en 1942 par l’adoption du Forest Act, visant à protéger l’écrin forestier qui entoure le massif.
En 1949, le parc national du Mont Kenya est créé, englobant toute la zone située au-dessus de 3 400 mètres d’altitude et couvrant une surface de 620 km2. Une route est même construite depuis Naro Moru, facilitant l’accès aux landes.
Reconnu pour sa richesse biologique et géologique, le Mont Kenya obtient en 1978 le statut de réserve de biosphère par l’UNESCO. En 1980, une zone tampon est établie pour prévenir l’empiètement des terres agricoles sur la forêt, étendant ainsi les limites du parc national jusqu’à 3 200 mètres d’altitude et portant sa superficie à 715 km2. Cette zone tampon a ensuite été transformée en plantations de thé.
En 1982, le Forest Act est révisé pour interdire toute exploitation forestière, garantissant la préservation de l’écosystème. De plus, une réserve naturelle a été établie, prolongeant les limites du parc sur 705 km2.
Dans une démarche de reconnaissance globale, le site, incluant le parc et la réserve naturelle pour une superficie totale de 1 420 km2, est inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO en 1997. La justification pour ce classement souligne l’imposant paysage d’Afrique de l’Est avec ses sommets couronnés de glaciers, ses landes afro-alpines et ses forêts diversifiées, témoignant d’exceptionnels processus écologiques.
Une opération majeure de nettoyage des détritus a lieu en 1998, marquant un engagement renouvelé pour la protection de ce site naturel. Aujourd’hui, le parc accueille plus de 15 000 visiteurs par an, témoignant de l’importance du tourisme pour les économies locale et nationale.
La décision du gouvernement kényan de classer la région en parc national repose sur quatre piliers : l’importance du tourisme, la préservation de la beauté naturelle du site, la conservation de la biodiversité et la protection des sources d’eau pour les régions environnantes. Une approche globale qui garantit la durabilité de cet espace naturel unique.
De la Randonnée à l’Alpinisme : Conquérir les Hauteurs du Mont Kenya
Escapade Majestueuse : Exploration des Huit Itinéraires de Randonnée du Mont Kenya
Le Mont Kenya, ce géant aux sommets imposants, propose aux randonneurs huit itinéraires majeurs serpentant vers ses pics. Ces voies d’accès, chacune unique dans son genre, se nomment : Meru, Chogoria, Kamweti, Naro Moru, Burguret, Sirimon et Timau, auxquels s’ajoute le pittoresque circuit des pics. Chogoria, Naro Moru et Sirimon se distinguent des autres par leur popularité. Ces parcours sont fréquentés par un grand nombre d’amateurs de plein air, faisant d’eux les routes les plus balisées, dotées de points d’entrée définis. Les autres itinéraires, offrant une expérience plus sauvage et isolée, requièrent une permission spéciale du Kenya Wildlife Service, soulignant ainsi leur caractère préservé et l’importance accordée à la protection de l’environnement montagnard.
Sirimon Route
L’itinéraire de la Sirimon Route, apprécié pour sa beauté et sa diversité, débute à quinze kilomètres à l’est de la Mount Kenya Ring Road depuis Nanyuki. Le point d’entrée, niché dix kilomètres plus loin sur une piste praticable à pied ou par des véhicules à deux roues, marque le début d’une aventure captivante.
Au commencement de ce périple, les marcheurs s’élèvent à travers une forêt dense. Notons l’absence de zone de bambous sur ce versant nord du mont Kenya, une particularité qui donne rapidement place à des landes où règne la bruyère callune géante. Au terme de cette piste, le Old Moses Hut se présente comme une halte, avant que le chemin ne se mue en sentier, poursuivant son ascension jusqu’au sommet de la colline.
Là, le sentier se divise en deux itinéraires. L’option de gauche, bien que moins fréquentée, offre une traversée pittoresque en longeant le côté du Barrow jusqu’au Liki North Hut. La végétation s’y fait plus rare, offrant au regard des lobelias géants et des séneçons.
Le sentier grimpe ensuite le long d’une crête, avant de rejoindre le chemin principal qui remonte la vallée de Mackinder. Juste avant d’atteindre le camp Shipton, on peut découvrir la grotte de Shipton, nichée dans la barre rocheuse sur la gauche de l’escarpement.
Depuis le camp Shipton, plusieurs choix s’offrent aux randonneurs. Certains pourront choisir de gravir la crête directement en face du camp vers l’ancien site du Kami Hut, tandis que d’autres préféreront suivre le cours de la rivière jusqu’au Lower Simba Tarn, et pourquoi pas jusqu’au col Simba. Chacun de ces lieux est une étape du célèbre circuit des pics. Une aventure à travers des paysages d’une diversité et d’une beauté exceptionnelles qui marque à jamais les amoureux de la nature et de la montagne.
Timau Route
D’une nature assez particulière, l’itinéraire de la Timau Route se présente comme un chemin restreint mais emblématique de la montagne kényane. Commencé au village de Timau, ce parcours est intimement lié à celui de la Sirimon Route. Il se distingue en contournant la lisière de la forêt sur une distance remarquable, offrant ainsi une immersion contrastée dans l’écosystème montagnard.
Autrefois, ce chemin était emprunté pour se rendre en véhicule au point le plus haut possible du mont Kenya, témoignant ainsi de son accessibilité par rapport à d’autres itinéraires. Néanmoins, le Timau Route porte les marques du temps et a été délaissé au fil des années, transformant sa praticabilité en un doux souvenir pour les anciens visiteurs.
Depuis l’extrémité de cette ancienne piste, l’aventure n’est toutefois pas terminée. En quelques heures de marche, il est en effet possible d’atteindre les Hall Tarns, un ensemble de lacs d’altitude aux eaux cristallines. De là, le chemin se prolonge en suivant le parcours de la Chogoria Route, menant tout droit vers le circuit des pics, la cerise sur le gâteau de cette exploration du mont Kenya. Ainsi, même si elle est moins empruntée de nos jours, la Timau Route offre toujours son lot de surprises et d’expériences mémorables pour ceux qui osent s’aventurer sur ses sentiers.
Meru Route
La Meru Route, moins conventionnelle, offre une expérience unique aux randonneurs. Elle prend son départ depuis Katheri, situé au sud de Meru, un point de départ qui se démarque des autres itinéraires. Au lieu de viser directement les sommets, cette route privilégie une exploration plus latérale du mont Kenya.
En effet, le sentier suit la rivière Kathita Munyi, une artère aquatique qui serpente à travers le paysage majestueux de la montagne. Ce parcours offre un spectacle naturel riche et varié, où le bruit apaisant du cours d’eau accompagne les marcheurs tout au long de leur progression.
Mais l’apogée de cette route n’est pas un pic élevé, c’est un lieu tout aussi magique : le lac Rutundu. Niché dans l’ombre des hauts sommets, ce lac cristallin offre un tableau paisible et serein, presque hors du temps.
Les sentiers de la Meru Route sillonnent également les landes alpines qui recouvrent les versants de la montagne. Ces paysages, baignés d’une flore unique et robuste, offrent un spectacle naturel saisissant qui marque l’esprit des randonneurs. En résumé, la Meru Route, bien qu’elle n’atteigne pas les sommets, promet une expérience authentique et riche en émotions au cœur de la splendeur du mont Kenya.
Chogoria Route
La Chogoria Route, un périple saisissant, débute à Chogoria pour rejoindre le circuit des pics du mont Kenya. La portion initiale, un trajet de 32 kilomètres du point d’entrée de la forêt jusqu’au parc, est généralement parcourue en véhicule. Le voyageur pourrait être émerveillé par une faune abondante dans la forêt, avec des colonnes de fourmis dorylus traversant le chemin, des singes arboricoles et potentiellement même des éléphants, des buffles et des léopards. La piste, en condition médiocre, nécessite une certaine vigilance.
À l’approche du parc, les voyageurs sont accueillis par une zone de bambous, avec des spécimens poussant jusqu’à douze mètres de hauteur. Le chemin serpente ensuite à travers des forêts de palissandre, où des lichens pendent des branches. À un point donné, l’itinéraire se divise en deux sentiers : le plus petit mène vers Mugi Hill et longe le lac Ellis.
Au bout de l’itinéraire, un petit pont enjambe le ruisseau Nithi, et après quelques centaines de mètres, il débouche sur la Gates Waterfall. Le sentier atteint ensuite une crête qui surplombe la Gorges Valley, offrant un panorama impressionnant sur les pics, le lac Michaelson, le Temple, et le Delamere et les pics Macmillan à l’autre bout de la vallée. Les Hall Tarns, de petits lacs de montagne, sont situés sur la droite du chemin, au-dessus du Temple, une barre rocheuse de 300 mètres de hauteur surplombant le lac Michaelson.
Au fur et à mesure que le sentier se poursuit, il croise les sources du Nithi, où la pente se fait alors abrupte. Il se sépare finalement en deux, débouchant à l’ouest sur le col Simba et au sud-ouest sur le Square Tarn, qui font tous deux partie du circuit des pics.
Kamweti Route
L’itinéraire Kamweti suit le cours de la Nyamindi West River, offrant ainsi un voyage au cœur des flots montagneux. Cependant, ce chemin n’est pas exempt de contraintes et de mystères. Son accès est, en effet, strictement réglementé, ajoutant un voile d’inaccessibilité qui pourrait attirer les plus aventureux. Toutefois, une aura d’incertitude plane autour de cette route. En effet, le Kamweti n’est plus mentionné dans le guide officiel publié par le Kenya Wildlife Service, mettant en question son existence même.
De plus, aucune garantie de praticabilité n’est offerte pour ce sentier, ajoutant une couche supplémentaire d’intrigue à cet itinéraire. Il représente donc un défi pour les randonneurs intrépides, prêts à découvrir des chemins moins fréquentés et peut-être oubliés du mont Kenya.
Naro Moru Route
L’itinéraire Naro Moru, très apprécié des randonneurs désireux d’atteindre la pointe Lenana, présente un attrait certain. Sa montée, réalisable en seulement trois jours, ainsi que la présence de dortoirs à chaque camp, exemptant les randonneurs du bivouac, contribuent à sa popularité. Le chemin offre généralement un bon terrain, à l’exception d’une portion connue sous le nom de « the Vertical Bog », ou « la tourbière verticale », qui offre un défi particulier. Initiant sa trajectoire à Naro Moru, l’itinéraire s’achemine vers le quartier général du parc, suivant la crête entre les rivières Northern et Southern Naro.
À son extrémité, une station météorologique, accessible en véhicule pendant la saison sèche, offre un point d’intérêt particulier. De là, l’itinéraire descend dans la vallée Northern Naro Moru jusqu’au camp Mackinder, situé sur le circuit des pics.
Burguret Route
Le parcours de la Burguret Route, bien qu’avec un accès réglementé, offre une expérience inoubliable de la montagne. Le départ s’effectue à Gathiuru, une localité nichée à l’abri des massifs. L’itinéraire suit en grande partie le cours sinueux de la North Burguret River, une compagnie constante qui anime le voyage de ses flots tumultueux. La progression le long du sentier, tout en évoluant dans les paysages verdoyants et accidentés de la région, s’achève au Hut Tarn, un point stratégique sur le circuit des pics. Ce parcours, mêlant beauté naturelle et défis physiques, offre ainsi un véritable plongeon dans le cœur battant de la montagne.
Peak Circuit Path
Le Peak Circuit Path, avec sa longueur d’environ dix kilomètres et un dénivelé absolu de plus de 2000 mètres, est une expérience exigeante mais incroyablement enrichissante. Serpentant autour des sommets majestueux, cette route offre des panoramas à couper le souffle et une proximité inégalée avec le relief de la montagne. Tandis que certains marcheurs audacieux choisissent de le compléter en une seule journée, la plupart préfèrent le savourer sur deux ou trois jours. Malgré le défi physique, l’itinéraire ne nécessite pas d’escalade technique, rendant cette merveille accessible à tous les randonneurs dûment préparés. Par ailleurs, le Peak Circuit Path peut aussi servir comme voie d’interconnexion pour rejoindre d’autres itinéraires, offrant ainsi des possibilités infinies de découvrir les trésors cachés de la montagne.
Alpinisme – Ascension du Mont Kenya : Entre Défi et Émerveillement
Le mont Kenya, deuxième sommet de l’Afrique avec une hauteur de 5 199 m, a longtemps été éclipsé par la popularité du Kilimandjaro. Ce mont montre un profil distinctement différent, façonné par l’érosion d’un ancien volcan qui a révélé un ensemble de pics rappelant les Alpes. Il porte fièrement un nom issu du terme wakamba qui signifie « montagne de l’autruche », une allusion à sa couleur contrastée : des roches noires effusives se mêlent aux taches blanches des glaciers et des neiges.
Gravir ce sommet, vaincu pour la première fois en 1899, représente un défi stimulant mais réalisable. L’expédition dure généralement entre trois et quatre jours, et peut s’étendre jusqu’à une semaine, selon l’itinéraire choisi. Il existe au moins six voies, dont trois sont plus populaires, et le nombre de porteurs peut varier.
L’itinéraire classique, appelé Naro Moru, n’est pas nécessairement le plus pittoresque, mais offre néanmoins des vues saisissantes. Les premiers 20 à 25 kilomètres de l’approche peuvent être parcourus à pied ou en 4×4 sur des pistes qui se transforment souvent en rivières de boue, traversant une forêt dense et humide. Le paysage se transforme graduellement en forêts de bambous, puis en pentes nues et abruptes, parsemées de roches volcaniques râpeuses. Des espèces de plantes endémiques de grande taille, comme les séneçons géants et les lobélies turgescentes, ajoutent à la singularité du paysage.
Au-delà du Mackinder’s Camp, que l’on quitte avant l’aube, la haute montagne se dévoile avec des parois nues et verticales, des pics parsemés de nuages, des couloirs, des moraines où vivent les damans des rochers, et enfin, les premières neiges. Les glaciers, en constante fonte, ont pour la plupart l’apparence de moignons. Néanmoins, il reste suffisamment de glace et de neige pour faire du mont Kenya le château d’eau du centre du pays.
L’ascension se termine généralement au pic Lenana pour les novices en alpinisme, culminant à 4 985 m. Seuls les alpinistes expérimentés osent s’aventurer jusqu’aux pics Nelion (5 188 m) et Batian (5 199 m), des défis supplémentaires offerts par cette montagne unique.
Les Refuges du Mont Kenya : Oasis de Confort dans un Environnement Exigeant
Sur les pentes du mont Kenya, des refuges variés offrent un abri et un confort basique aux randonneurs. Ces structures, qui vont du plus rudimentaire au plus luxueux, sont souvent gardées par des responsables sur place.
Le refuge le plus basique, Liki North, offre à peine plus qu’un toit pour se protéger des éléments. À l’autre extrémité du spectre se trouve le Meru Mt Kenya Lodge, offrant des commodités plus luxueuses comme un feu de cheminée et de l’eau courante, un contraste saisissant avec l’environnement sauvage qui l’entoure.
La plupart des refuges du mont Kenya, malgré l’absence de chauffage et de lumière, sont spacieux, avec des dortoirs et des espaces communs où les randonneurs peuvent se reposer et se retrouver. Ces abris proposent également des hébergements séparés pour les porteurs et les guides, qui jouent un rôle essentiel dans l’expérience de randonnée sur le mont Kenya.
Les espaces communs des refuges ne sont pas uniquement réservés aux résidents. Les campeurs peuvent également les utiliser pour se mettre à l’abri du mauvais temps ou pour stocker des vivres hors de portée des hyènes et des damans du Cap, des habitants curieux de la montagne. Ces refuges jouent un rôle important en offrant un espace de sécurité et de confort dans le cadre exigeant et parfois imprévisible de la randonnée en montagne.
Austrian Hut / Top Hut – 4 790 m
Le refuge Austrian Hut / Top Hut, niché à 4 790 mètres sur le circuit des pics du mont Kenya, se distingue par son altitude. C’est le second refuge le plus haut de la montagne, dépassé uniquement par le Howell Hut qui trône au sommet du Nelion. Le refuge est un point de départ stratégique pour de nombreuses aventures, des ascensions du Lenana aux pointes Thomson, Melhuish et John. Pour ceux qui choisissent de se lancer dans l’exploration de la Voie Normale du Nelion, le séjour au refuge Austrian Hut / Top Hut est un passage obligé.
Le paysage environnant le refuge est remarquablement austère mais possède une beauté étrange. La crête où se trouve le refuge est parsemée de formations de lave qui dessinent des silhouettes fantastiques dans le paysage. Bien que l’environnement extrême limite la faune – aucun mammifère ni oiseau ne survit à cette altitude – certaines petites fleurs parviennent étonnamment à pousser malgré les conditions. La crête est recouverte d’éboulis qui gèlent chaque nuit et cuisent le jour, ajoutant à la rusticité de l’environnement. Le refuge Austrian Hut / Top Hut est véritablement une oasis de repos dans un paysage sculpté par des forces extrêmes.
Two Tarn Hut – 4 490 m
Sur le circuit des pics du mont Kenya, se niche le Two Tarn Hut, un refuge implanté à 4 490 mètres d’altitude. Comme une perle rare, il se trouve dans un environnement de montagne austère et impressionnant, offrant un abri nécessaire pour les randonneurs et les alpinistes engagés sur ce circuit pittoresque.
Meru Mt Kenya Lodge – 3 017 m
Perché à 3 017 mètres d’altitude, en lisière du parc national du Mont Kenya, le Meru Mt Kenya Lodge déploie ses charmes sur l’itinéraire Chogoria. Abritant plusieurs cabanes en rondins, ce gîte privé se démarque par son caractère chaleureux et rustique. Chaque cabane offre un hébergement confortable, avec une chambre, une cuisine, une salle de bain et un salon agrémenté d’une cheminée, créant ainsi une ambiance chaleureuse pour les visiteurs fatigués après une journée de randonnée.
L’aménagement intérieur soigneusement pensé permet d’accueillir trois à quatre personnes dans chaque cabane. Le luxe ne manque pas dans ces refuges en montagne, où l’eau chaude courante est une bénédiction après une longue journée de marche dans la fraîcheur des hauteurs. A environ 500 mètres de l’entrée du parc, le lodge requiert le paiement de taxes d’entrée au parc national.
Le Meru Mt Kenya Lodge, avec ses cabanes en rondins et ses vues imprenables sur le paysage environnant, offre un véritable écrin de confort et de tranquillité dans l’arrière-pays sauvage du mont Kenya. Un lieu incontournable pour les amoureux de l’aventure et du plein air qui souhaitent se plonger dans la beauté époustouflante de cette partie du monde tout en bénéficiant des commodités de la civilisation.
Urumandi Hut – 3 063 m
Au cœur du mont Kenya, sur l’itinéraire Chogoria, se dresse un vestige du passé, l’Urumandi Hut. Bâti en 1923, ce refuge historique porte les marques de presque un siècle d’histoire de l’alpinisme au Kenya. Sa structure, aujourd’hui délaissée, semble se fondre dans le paysage montagneux, témoin silencieux de l’évolution des pratiques et des itinéraires de randonnée.
Malgré son inactivité actuelle, le refuge a autrefois servi d’abri et de point de repos pour les randonneurs intrépides qui empruntaient le parcours de Chogoria. Aujourd’hui, même s’il ne sert plus aux randonneurs pour trouver un repos bien mérité, sa présence constitue un vestige tangible de l’histoire de l’alpinisme dans cette région. L’Urumandi Hut, avec sa silhouette solitaire face à la grandeur de la montagne, demeure un symbole du passage du temps et de l’évolution des aventures en plein air au Mont Kenya.
Minto’s Hut – 4 290 m
Perché à une altitude impressionnante de 4290 mètres et niché à proximité des Hall Tarns sur l’itinéraire Chogoria, le Minto’s Hut sert de sanctuaire à huit personnes, généralement des porteurs. À proximité se trouve un espace de camping pour ceux qui préfèrent dormir à la belle étoile.
L’eau, une ressource vitale à cette altitude, est puisée directement des lacs de montagne adjacents. Cependant, en raison de l’absence d’exutoire, elle stagne et doit être soigneusement filtrée ou bouillie avant consommation.
Warden’s Cottage – 2 400 m
Le Warden’s Cottage, jadis la résidence des gardiens vétérans du parc jusqu’en 1998, trône sur l’itinéraire Naro Moru. À l’intérieur de ce refuge pittoresque, on trouve deux chambres, une salle de bain, une cuisine et un salon doté d’une véranda et d’une cheminée. L’eau chaude courante est un luxe bienvenu dans ce cadre rustique. En raison de sa position à l’intérieur du parc, l’acquittement des taxes est nécessaire.
La station météorologique – 3 050 m
Sous l’administration du Naro Moru Lodge, la station météorologique offre plusieurs dortoirs pour les voyageurs fatigués ainsi qu’un espace de camping pour ceux qui souhaitent être plus proches de la nature.
Mackinder’s Camp – 4 200 m
Le Mackinder’s Camp, un autre refuge administré par le Naro Moru Lodge, propose un grand dortoir et beaucoup d’espace pour camper, offrant ainsi une multitude d’options pour les aventuriers de montagne.
Liki North Hut – 3 993 m
Situé sur l’itinéraire Sirimon, le Liki North Hut est un refuge qui offre un abri contre le mauvais temps. Accueillant huit personnes et entouré d’un espace de camping, le refuge est idéalement situé près d’une rivière pour l’approvisionnement en eau. Il peut également servir de point de départ pour l’ascension du Terere et du Sendeyo, ou de halte en chemin vers le Shipton’s Camp.
Sirimon Bandas – 2 650 m
Les Sirimon Bandas, un ensemble de refuges situés à l’intérieur du parc national du mont Kenya, offrent un véritable goût de la vie sauvage africaine. Les bandas disposent de deux chambres, d’une cuisine, d’une salle à manger, d’une salle de bain et d’une véranda. Ici aussi, les taxes de parc s’appliquent. Un espace de camping à proximité dispose également d’eau courante.
Old Moses Camp – 3 400 m
L’Old Moses Camp, un campement sur l’itinéraire Sirimon, est un autre refuge administré par le Mountain Rock Bantu Lodge. Doté de dortoirs, d’un vaste espace de campement et d’hébergements pour les guides et les porteurs, le camp est une halte bienvenue pour les voyageurs sur cette route.
Shipton’s Camp – 4 236 m
Le Shipton’s Camp, un autre campement sur l’itinéraire Sirimon, est une merveille naturelle à ne pas manquer. Administré par le Mountain Rock Bantu Lodge, ce campement abrite une faune diversifiée, y compris de nombreux damans des rochers, lemniscomys et différentes espèces de nectariniidés et de cercomela.
Howell Hut – 4 236 m
Le Howell Hut, un refuge au sommet du Nelion, est un hommage à la ténacité de Ian Howell. Construit en février 1970, ce refuge a été érigé au sommet du glacier Lewis, une prouesse rendue possible grâce à treize ascensions solitaires effectuées par Howell lui-même.
Mountain Rock Bantu Lodge
Le Mountain Rock Bantu Lodge, situé au nord de Naro Moru, offre une variété d’options d’hébergement, allant des chambres aux tentes et à l’espace de campement. Il administre également le Old Moses Camp et le Shipton’s Camp sur l’itinéraire Sirimon.
Naro Moru River Lodge
Le Naro Moru River Lodge offre une gamme de services aux aventuriers et aux amoureux de la nature. Situé près de Naro Moru, le lodge propose l’observation des oiseaux, la location d’équipements et l’organisation d’ascensions guidées.
Serena Mountain Lodge – 2 200 m
Pour ceux qui recherchent le luxe au cœur de la nature sauvage, le Serena Mountain Lodge est l’endroit idéal. Situé sur les pentes occidentales de la montagne, cet hôtel luxueux dispose de sa propre source d’eau et propose des randonnées guidées, des pêches à la truite et des conférences.
Naro Moru Youth Hostel
La Naro Moru Youth Hostel est un espace accueillant pour les jeunes voyageurs, composé d’une ferme rénovée située entre Naro Moru et son point d’entrée. Elle offre des dortoirs, un espace de campement, une cuisine et la location d’équipements.
Castle Forest Lodge – 2 100 m
Construit par les Britanniques à la fin des années 1920 comme refuge pour la famille royale, le Castle Forest Lodge est un véritable bijou historique. Il se situe sur le versant méridional, dans la forêt.
Rutundu Log Cabins – 3 100 m
Pour une expérience de montagne vraiment unique, les Rutundu Log Cabins offrent une retraite luxueuse sur le versant septentrional de la montagne.
Mont Kenya, classé au patrimoine mondial de l’UNESCO
L’imposant mont Kenya, niché sur l’équateur à environ 193 km au nord-est de Nairobi et à environ 480 km du littoral kenyan, est une merveille naturelle sans égale. Second sommet le plus élevé d’Afrique avec une altitude culminant à 5 199 m, ce vestige d’un ancien volcan éteint domine le paysage africain avec majesté. Malgré la régression rapide des douze glaciers qui parsèment encore ses sommets, le mont Kenya demeure un spectacle à couper le souffle, avec quatre sommets secondaires émergeant des vallées glaciaires en forme de U. Ses sommets accidentés couronnés de glaciers et ses pentes moyennes boisées offrent l’un des paysages les plus impressionnants de l’Afrique de l’Est. De plus, l’évolution et l’écologie de sa flore afro-alpine sont un exemple remarquable de processus écologiques.
L’UNESCO a classé le mont Kenya au patrimoine mondial, une reconnaissance internationale de sa valeur culturelle et naturelle. Le site comprend le Conservatoire de faune sauvage de Lewa et la Réserve forestière du Ngare Ndare (CFL-RFNN) au nord. Ces deux éléments du site sont reliés par un corridor de faune sauvage, qui sert également de zone tampon et assure une connectivité vitale pour les éléphants se déplaçant entre le mont Kenya et le vaste complexe de conservation de l’écosystème Somali/Masaï.
L’extension CFL-RFNN englobe les contreforts boisés et les vallées profondes des pentes basses du mont Kenya, s’étendant vers le nord jusqu’aux sols volcaniques arides relativement plats de la plaine de Laikipia. Ici, les prairies et les communautés boisées ouvertes offrent un contraste saisissant avec le paysage montagneux du mont Kenya. Ce mélange d’écosystèmes contribue à la diversité biologique exceptionnelle de la région, un élément clé de sa désignation par l’UNESCO.
Critère (vii) – Mont Kenya : Géologie, paysages spectaculaires et importance culturelle
Fier de ses 5 199 m d’altitude, le mont Kenya, deuxième sommet le plus élevé d’Afrique, est le vestige d’un ancien volcan éteint, qui aurait culminé à 6.500 m lors de sa période d’activité, il y a 3,1 à 2,6 millions d’années. Les traces de cette époque tumultueuse sont visibles dans les reliefs fortement découpés par des vallées qui rayonnent à partir des sommets, principalement le résultat de l’érosion glaciaire.
De plus, la montagne abrite environ 20 petits lacs glaciaires de différentes tailles, ainsi que de nombreuses caractéristiques de moraines glaciaires entre 3.950 m et 4.800 m d’altitude. Les sommets les plus hauts sont le Batian (5.199 m) et le Nelion (5.188 m), tandis que quatre sommets secondaires se dressent à la tête des vallées glaciaires en forme de U. Bien qu’il ne reste qu’une douzaine de glaciers sur la montagne, tous en retrait rapide, leur présence ajoute un charme indéniable au paysage.
Le mont Kenya se distingue par la beauté de ses paysages accidentés, couronnés de glaciers, et de ses pentes moyennes boisées, ce qui en fait l’un des paysages les plus impressionnants de l’Afrique de l’Est. Le contraste visuel et la diversité des paysages créés entre les hauts plateaux kenyans et le mont Kenya surplombant la savane plate et aride et les plaines boisées de façon éparse qui composent l’extension du Conservatoire de faune sauvage de Lewa, au nord, embellissent davantage le tableau.
En outre, le mont Kenya revêt une importance culturelle pour les communautés locales. Pour les Kikuyu et les Meru qui vivent dans la région, le mont Kenya est considéré comme une montagne sacrée. Selon leurs croyances, le Dieu Ngai et son épouse Mumbi résident au sommet de la montagne. Cette valeur sacrée ajoute une dimension spirituelle à la beauté naturelle du mont Kenya, affirmant son importance exceptionnelle sur les plans esthétique et culturel.
Critère (ix) – Diversité écologique et faunistique exceptionnelle du mont Kenya et des régions environnantes
L’écologie et l’évolution de la flore afro-alpine du mont Kenya illustrent admirablement les processus écologiques qui se produisent dans de tels environnements. La végétation change selon l’altitude et les précipitations, avec une riche flore alpine et subalpine présente dans la région. Dans les zones les plus sèches de la basse altitude (sous 2.500 m), les espèces de Juniperus procera et Podocarpus sont dominantes. En revanche, dans les zones plus humides du sud-ouest et du nord-est, c’est la Cassipourea malosana qui domine. Les altitudes élevées (2.500-3.000 m) sont principalement peuplées de bambous et de Podocarpus milanjianus. Au-dessus de 3.000 m, la zone alpine présente une diversité d’écosystèmes, dont des clairières herbeuses, des landes, des prairies à tussack et du carex. Bien que la végétation se raréfie au-delà de 4.500 m, des plantes vasculaires isolées peuvent être observées à des altitudes supérieures à 5.000 m.
La faune est tout aussi variée, avec dans la forêt de basse altitude et la zone des bambous des espèces telles que l’hylochère, le daman des arbres, la mangouste à queue blanche, l’éléphant, le rhinocéros noir, le suni, le céphalophe à front noir et le léopard. Dans les landes, on peut trouver la musaraigne-taupe du mont Kenya, l’hyrax et le céphalophe commun. Le rat-taupe endémique est courant sur toutes les pentes septentrionales et dans la vallée d’Hinder, jusqu’à 4.000 m.
Le Conservatoire de faune sauvage de Lewa et la Réserve forestière du Ngare Ndare enrichissent la diversité des espèces de la région, notamment en accueillant la plus grande population résidente de zèbres de Grévy au monde. Les oiseaux sont également très variés, avec notamment l’ibis olive (race locale du mont Kenya), l’aigle d’Ayres, le hibou d’Abyssinie, le francolin écaillé, la cossyphe de Rüppell, de nombreux souimangas (Nectariniidae), le martinet de Shoa localement menacé et le martinet à ventre blanc quasi endémique.
Le Conservatoire de faune sauvage de Lewa et la Réserve forestière du Ngare Ndare ajoutent à ce bien des contreforts pittoresques de basse altitude ainsi que des habitats arides, riches et diversifiés d’un point de vue biologique. Ces régions représentent la zone de transition écologique entre l’écosystème des montagnes afro-tropicales et les prairies de savane semi-arides d’Afrique de l’Est. Situés sur la voie de migration traditionnelle des populations d’éléphants d’Afrique de l’écosystème mont Kenya – Somali/Masaï, ces espaces ont toujours été des zones où les éléphants viennent se nourrir en saison sèche, ajoutant ainsi une autre dimension à l’incroyable biodiversité de la région.
Préservation de l’intégrité écologique et défis face au changement climatique dans le site du patrimoine mondial du Kenya
L’intégrité de ce site patrimonial réside en partie dans sa configuration complexe. Le site en série est constitué du Parc national du mont Kenya, géré par le Kenya Wildlife Service (KWS), ainsi que de certaines parties de la Réserve forestière du mont Kenya, sous la responsabilité du Kenya Forest Service (KFS). Ces deux zones protégées sont soigneusement conçues pour préserver les valeurs naturelles clés et le bassin versant de la montagne au-dessus de 2000 à 2500 mètres. Plus au nord, le site est connecté par un corridor d’éléphants de 9,8 km au Conservatoire de faune sauvage de Lewa et à la Réserve forestière du Ngare Ndare, apportant des écosystèmes et des habitats plus secs de la plaine ainsi qu’un ensemble d’espèces supplémentaires. Bien que ce corridor soit situé dans la zone tampon, son rôle dans le maintien de la connectivité écologique entre les deux éléments du site est crucial.
Malgré diverses menaces pesant sur le site, les populations d’animaux sauvages, même si elles ont diminué depuis l’inscription originale du site sur la Liste du patrimoine mondial, restent en bonne santé. Dans la zone principale du mont Kenya, le site est limité à la partie supérieure de la montagne, au-dessus de la forêt de montagne, de sorte que la majorité des destructions forestières, du pâturage illégal, du braconnage et autres activités humaines affectent l’écosystème au-delà des limites du site, dans la réserve nationale/forêt qui sert de « zone tampon ». Il est impératif de comprendre et d’atténuer ces menaces car elles impactent la viabilité à long terme du site.
Le changement climatique représente probablement l’une des plus grandes menaces à long terme pour le site. Les glaciers fondent rapidement et pourraient disparaître complètement dans quelques décennies. Avec le réchauffement climatique, les zones de végétation pourraient se déplacer vers le haut de la montagne, avec, par exemple, les zones basses de la forêt de bambous probablement progressivement remplacées par une forêt de montagne mixte.
Il est crucial d’atténuer la menace du changement climatique par une meilleure connectivité et de maintenir la continuité des habitats naturels à travers toute la gamme altitudinale afin d’assurer la résilience des écosystèmes et de favoriser leur adaptation aux changements inévitables. L’extension CFL-RFNN, en établissant le corridor et les liens régionaux via plusieurs conservatoires pour connecter le Parc national de Samburu, la Réserve nationale de Shaba et Buffalo Springs au nord, et même Matthew’s Range, représente une action proactive importante pour atténuer les effets du changement climatique sur la biodiversité de cette région d’Afrique de l’Est en assurant la mobilité pour permettre à la biodiversité de s’adapter aux variations de température et aux précipitations.
Stratégies et mesures de gestion pour la protection de la biodiversité au Kenya
Le cadre de protection du site s’appuie sur un arsenal législatif solide et efficace, composé de plusieurs lois clés, dont la Wildlife Act (loi sur la faune sauvage), l’Environment Management and Coordination Act (loi de coordination et de gestion de l’environnement) (1999), la Water Act (loi sur l’eau) (2002) et la Forest Act (loi sur les forêts) (2005). Par l’intermédiaire du KWS, le gouvernement kenyan encourage les propriétaires de grands territoires, notamment les communautés locales, à créer des conservatoires de faune sauvage comme stratégie à long terme pour augmenter l’espace dédié à la conservation et à la gestion de la biodiversité. Le CFL, destiné à la conservation de la diversité biologique, satisfait ainsi aux obligations juridiques nationales et justifie son inscription en tant que conservatoire. En outre, la politique territoriale nationale du ministère de l’aménagement du territoire appuie l’établissement de corridors pour la conservation de la biodiversité.
Trois institutions, le KWS, le KFS et le Conservatoire de faune sauvage de Lewa géré par un conseil d’administration, collaborent étroitement pour la gestion du site. KWS et KFS sont signataires du Plan de gestion de l’écosystème du mont Kenya, qui fournit un cadre global pour la planification de la gestion. Il est fondamental que les différents plans de gestion applicables aux éléments du site soient harmonisés en termes d’approches et de calendriers de gestion.
Un mouvement vers une gestion plus durable de différents secteurs de la forêt est soutenu par la création d’Associations Forestières Communautaires (AFC), la production de plans de gestion opérationnels des forêts et la signature d’accords connexes entre le KFS et les AFC.
Les dommages causés aux cultures par les animaux sauvages qui pénètrent dans les champs le long des limites du Parc national/Forêt naturelle du mont Kenya sont un problème majeur. Des efforts ont été déployés pour atténuer ces conflits, notamment par l’érection de clôtures et autres barrières pour empêcher les animaux de quitter la réserve, avec des résultats mitigés. Toutefois, l’expérience a démontré qu’une clôture efficace et bien conçue est probablement la meilleure solution pour atténuer les conflits entre l’homme et la faune sauvage dans des régions aussi densément peuplées.
Les menaces posées par le développement des plantations commerciales d’arbres et des cultures, ainsi que la destruction des habitats ont régressé grâce à des efforts à long terme. La politique gouvernementale consistant à ne plus défricher des forêts naturelles pour faire place aux plantations a permis de réduire considérablement la menace de l’expansion des plantations et des cultures associées dans la zone tampon adjacente au site.
Les menaces de l’exploitation illégale du bois, du pâturage, du braconnage et du tourisme sont gérées et semblent stables, malgré des problèmes persistants. Un suivi continu et une gestion efficace seront nécessaires. Les incendies sont une menace majeure, en particulier dans les landes de haute altitude du site du patrimoine mondial. Un Plan stratégique de lutte contre les incendies dans le point chaud du mont Kenya a été élaboré pour orienter la préparation future aux incendies dans l’écosystème.
Le maintien du corridor des éléphants, long de 9,8 km, qui relie le mont Kenya aux plaines du CFL-RFNN, est d’une importance critique. Ce corridor favorise la mobilité des espèces sauvages, fournit un lien entre les deux éléments du site et sert de tampon contre les effets du changement climatique. Il sera également important d’explorer d’autres possibilités de créer une connectivité au sein du complexe d’écosystèmes plus large pour renforcer la viabilité écologique du site.