Au cœur des Alpes françaises, le Glacier des Bossons est un trésor naturel qui fascine les visiteurs depuis des siècles.
Niché entre les sommets majestueux du massif du Mont-Blanc, ce glacier exceptionnel offre un spectacle saisissant de cascades de glace, de crevasses profondes et d’immenses séracs. Dans cet article, nous explorerons les caractéristiques géologiques et glaciaires du Glacier des Bossons, son histoire et son évolution au fil du temps, ainsi que son rôle dans le tourisme et les accidents aériens qui s’y sont produits.
Enfin, nous vous donnerons des conseils pratiques pour profiter au mieux de votre visite de ce site extraordinaire. Alors, préparez-vous à découvrir l’un des plus beaux joyaux naturels de la montagne, le Glacier des Bossons.
Le Glacier des Bossons : Un trésor naturel au cœur de la montagne
La naissance du glacier des Bossons
Bien que le glacier des Bossons soit surtout connu pour la langue glaciaire qui occupe la courte vallée menant à la vallée de Chamonix, il prend naissance sur les versants du Mont Blanc (4 810 m), du Mont Maudit (4 465 m) et du dôme du Goûter (4 304 m), au sein d’un cirque glaciaire nommé le Grand Plateau, à plus de 4 000 mètres d’altitude. Depuis ce point, les glaces s’écoulent vers le nord, se divisant rapidement en deux masses séparées par le rocher de l’Heureux Retour, le pic Wilson et les Grands Mulets.
Le parcours du glacier et ses divisions
La masse secondaire s’écoule dans une petite vallée glaciaire peu marquée sur le versant du dôme du Goûter, longeant le glacier de Taconnaz à l’ouest.
La masse principale, quant à elle, s’enfonce dans une vallée glaciaire plus encaissée, dominée par les pointes Mieulet, Duriet et l’aiguille de Saussure. Le glacier des Bossons reçoit un apport en glace substantiel provenant du glacier descendant du col Maudit et de celui descendant du versant du mont Blanc du Tacul en direction du col du Midi.
Une partie des glaces forme la Vallée Blanche, tandis que l’autre rejoint le glacier des Bossons par une cascade de glace.
La jonction des masses glaciaires et la descente vers Chamonix
Au pied de l’aiguille du Midi et du refuge des Cosmiques à l’est, ainsi que des Grands Mulets et de leur refuge au sud-ouest, à Plan Glacier, une langue de glace s’échappe de la masse principale du glacier pour se joindre à la masse secondaire à la Jonction et se diriger vers le glacier de Taconnaz à l’ouest.
La majeure partie de la glace continue sa course vers le nord, descendant la vallée glaciaire en direction de la vallée de Chamonix, soutenue par la montagne de la Côte dominée par le mont Corbeau à l’ouest. De nombreuses crevasses et séracs, créés par la forte déclivité dans sa partie aval, transforment le glacier en une cascade de glace.
La fonte significative de la glace donne naissance à trois cours d’eau : le torrent de la Creuse, le torrent de la Crosette et le torrent des Bossons.
Les vestiges du Petit âge glaciaire
Lors du Petit âge glaciaire, l’avancée du front glaciaire jusqu’au bas de la vallée de Chamonix, juste au-dessus du hameau des Bossons, a laissé dans le paysage deux imposantes moraines latérales construites sur le cône de déjection du torrent de la Creuse. Ces formations témoignent de l’histoire et de l’évolution du glacier des Bossons au fil des siècles.
Le Glacier des Bossons : Caractéristiques et dynamique glaciaire
La formation de la moraine médiane
La réunion des deux masses glaciaires issues du mont Blanc et du mont Blanc du Tacul engendre une importante moraine médiane. Bien que sa langue terminale ait reculé, elle atteignait environ 1 200 mètres d’altitude dans les années 1980. Le bassin versant s’étend sur 17 km2, dont 10 km2 sont recouverts de glace. L’épaisseur de la glace varie de vingt mètres au sommet à un maximum de 170 mètres. Géologiquement, la partie supérieure du glacier repose sur un granite calco-alcalin contenant de grands cristaux de feldspaths pluricentimétriques, tandis que la partie inférieure se situe sur un complexe d’orthogneiss, de paragneiss et de micaschistes.
La dynamique glaciaire
La vitesse d’écoulement du glacier peut dépasser un mètre par jour en été, permettant à la glace de s’écouler en moins de 50 ans du sommet jusqu’à la langue terminale.
Les émissaires du glacier
Le glacier des Bossons possède trois émissaires. Le torrent des Bossons, qui provient de la langue terminale, présente le débit le plus faible, car il est alimenté uniquement par les eaux de fonte d’une zone de 0,5 km2. L’émissaire principal est constitué des deux branches du torrent de la Creuse, qui émergent d’un lobe secondaire à 2 250 m d’altitude en aval du mont Blanc du Tacul. Entre ces deux émissaires, le torrent de la Creusette jaillit également d’un lobe latéral à 1 750 m d’altitude.
Le glacier des Bossons : Érosion et transport de sédiments
Ligne d’équilibre et zone d’accumulation
Le glacier des Bossons, situé sur un versant nord bien exposé aux précipitations, possède une ligne d’équilibre (limite entre les zones d’ablation et d’accumulation) relativement basse, estimée à 2 750 ± 200 m en 2009. La zone d’accumulation représente donc 60% de la surface du glacier. Au-dessus de 3 300-3 500 m, le glacier est composé de glaces froides avec des températures bien en dessous de 0 °C (jusqu’à -11 °C à 4 250 m d’altitude). Ces zones protègent les roches des cycles de gel et de dégel, limitant ainsi l’érosion à 0,025 à 0,05 mm/an.
Érosion et transport de sédiments
L’érosion est la plus intense au niveau des parois rocheuses situées au-dessus du glacier (0,76 ± 0,34 mm/an) et également importante sous le glacier, dans les zones de basses altitudes où la glace
L’évolution du glacier des Bossons au fil du temps
La dernière glaciation et le Dryas récent
Durant l’ultime glaciation, les Alpes étaient couvertes d’une vaste calotte glaciaire, s’élevant jusqu’à 2 300 mètres d’altitude près du village actuel des Bossons. Le glacier des Bossons s’est individualisé et s’est séparé de ses voisins peu avant le début du Dryas récent (10 700 à 9 700 av. J.-C), période caractérisée par un retour du froid. Le glacier redescend alors jusqu’au fond de la vallée de l’Arve, la bloquant complètement, et progresse au sein d’un lac proglaciaire.
Petit âge glaciaire et les avancées successives
Le glacier des Bossons ne menace à nouveau le fond de la vallée que lors du petit âge glaciaire, période reconstituée à partir de 1580 grâce à des témoignages historiques, des illustrations et des relevés scientifiques. Le glacier atteint son extension maximale en 1818, à moins de 1 100 m d’altitude. Les traces de cette avancée sont encore visibles grâce à la moraine bien conservée. D’autres moraines (1854, 1892, 1921, 1941 et 1983) témoignent des poussées ultérieures, mais sont érodées et moins imposantes.
Alternance de poussées et de reculs
Le glacier des Bossons présente un retrait irrégulier, marqué par une alternance de poussées et de reculs rapides. Les poussées sont en partie dues à l’écoulement rapide du glacier et à l’altitude élevée de son bassin d’alimentation, qui lui permettent de réagir rapidement à des années pluvieuses ou favorables.
Le recul du glacier des Bossons
Les périodes antérieures à 1818
Avant 1818, toutes les moraines ont été détruites par l’avancée du glacier. La reconstitution montre que, depuis 1580, la langue terminale du glacier se situait entre 100 et 700 m en retrait du point atteint en 1818, avec des maxima en 1610, 1643, 1712 et 1777.
Le recul total entre 1818 et 2001
Entre 1818 et 2001, le recul total du glacier des Bossons atteint 1,5 km. Le glacier continue de perdre 500 mètres jusqu’en 2015.
Les événements récents et les dangers
La diminution de la glace et l’effondrement de la langue terminale
En juin 2008, le glacier ne se compose plus que d’une mince couche de glace et d’une langue terminale. En septembre 2010, la langue se détache du glacier et s’effondre.
L’avalanche de juin 2015 et les risques actuels
En juin 2015, une avalanche emporte 200 000 mètres cubes de glace sur près d’un kilomètre au glacier des Bossons. Le réchauffement global est probablement à l’origine de cet événement. Il entraînent la séparation de séracs du front du glacier et provoquant un éboulement massif. Aujourd’hui, les visites et le tourisme autour du site sont fortement déconseillés en raison des risques associés.
Accidents aériens près du glacier des Bossons
Le crash du Malabar Princess (1950)
Le 3 novembre 1950, le Malabar Princess, un Lockheed Constellation d’Air India, s’écrase près du Rocher de la Tournette, à 4 677 mètres d’altitude. Cet accident tragique fait 48 victimes et ne laisse aucun survivant.
Le crash du Kanchenjunga (1966)
Le 24 janvier 1966, un autre avion d’Air India, le Kanchenjunga, un Boeing 707, s’écrase presque au même endroit que le Malabar Princess. L’accident, qui survient lors d’un vol entre Bombay et New York, cause la mort des 117 personnes à bord, sans survivant. Parmi les victimes se trouve Homi Jehangir Bhabha, l’un des pères du programme nucléaire indien.
Découvertes liées aux accidents aériens
Le 21 août 2012, deux alpinistes découvrent une valise diplomatique indienne provenant de l’épave du Kanchenjunga. En septembre 2013, un alpiniste local trouve des pierres précieuses, telles que des émeraudes, des saphirs et des rubis, près du site de l’accident.
Le glacier des Bossons et le tourisme
L’attraction touristique depuis le XVIIIe siècle
Les glaciers sont devenus une attraction touristique dès le XVIIIe siècle. Les alpinistes traversent régulièrement la partie supérieure du glacier des Bossons depuis 1786, date de la première ascension du mont Blanc.
L’art et le glacier des Bossons
Le peintre anglais William Turner réalise vers 1836 une aquarelle intitulée Mont Blanc et Glacier des Bossons au-dessus de Chamonix, Soir, exposée à la Tate Britain à Londres.
Les buvettes et la grotte du glacier
En 1840, une première buvette est établie au bord du glacier, offrant des boissons rafraîchies par des glaçons taillés directement dans la glace. En 1850, une seconde buvette, le chalet du Cerro, est construite sur l’autre rive. Ces chalets doivent être déplacés régulièrement en fonction des fluctuations du glacier. De 1865 à 1994, une grotte est creusée pour permettre aux touristes d’observer la glace de l’intérieur.
L’exploitation industrielle de la glace
Au début du XXe siècle, la glace de la langue terminale est exploitée industriellement de juin à septembre. Une vingtaine d’ouvriers débitent la glace à l’aide de pioches et de poudre noire.
Les blocs sont ensuite transportés jusqu’à un hangar situé près de deux kilomètres plus bas à l’aide d’un toboggan en épicéa et en mélèze. Les 600 tonnes de glace sont vendues aux hôtels de la région et expédiées par train ou camion vers Genève et Paris. L’exploitation cesse en 1939.
Le glacier comme école de glace
Jusque dans les années 1980, le glacier des Bossons a servi d’école de glace pour la compagnie des guides de Chamonix.
Comment et quand s’y rendre ?
Ouvert exclusivement durant la saison estivale, vous pouvez accéder aux abords du glacier des Bossons soit en empruntant un télésiège qui vous amène à 1 410 mètres d’altitude en 15 minutes, soit en suivant un sentier pédestre d’environ 50 minutes. Des aires de stationnement se trouvent à proximité du départ du télésiège et du début du sentier.
Le Chalet du Glacier des Bossons est situé à seulement 5 minutes de marche de l’arrivée du télésiège. Depuis sa terrasse, vous pourrez contempler la langue terminale du glacier ainsi que les captivants séracs du Plateau des Pyramides.
Sur place
Depuis le Chalet du Glacier, un sentier thématique vous guide à travers l’histoire du glacier des Bossons. Tout au long du parcours, des panneaux informatifs abordent divers sujets tels que la vie du glacier, le petit âge glaciaire ou encore son évolution.
Le Chalet du Glacier constitue également le point de départ pour la randonnée en direction du glacier des Bossons, menant jusqu’au Chalet des Pyramides.
Ces deux chalets offrent la possibilité de se restaurer et de déguster une cuisine typique dans un cadre enchanteur.
La randonnée du glacier des Bossons
Pour ceux qui ont prévu des chaussures de randonnée et souhaitent se rapprocher du glacier, le Chalet du Glacier constitue le point de départ de la célèbre randonnée de la Jonction. Celle-ci vous conduit aux portes de la haute montagne, à 2 589 mètres d’altitude, jusqu’au Chalet des Pyramides.
C’est cet itinéraire qu’ont emprunté J. Balmat et le docteur Paccard lors de la première ascension du Mont Blanc en 1786.
Cette randonnée sportive offre des panoramas exceptionnels sur les séracs et les pyramides de glace.
Se rapprocher du glacier des Bossons à pied ou via télésiège
Pour se rapprocher du glacier, un sentier balisé mène à une plateforme située au-dessus du Chalet du Glacier des Bossons. Prévoyez environ 1 heure de marche aller à travers prairies et sous-bois. Pendant l’été, un télésiège permet de raccourcir la balade pour monter et/ou descendre au chalet.
Au Chalet du Glacier, profitez de sa charmante terrasse pour prendre quelques selfies sous le glacier. Ensuite, continuez le parcours en empruntant le sentier thématique qui monte sur une centaine de mètres.