La Barre des Ecrins est un sommet emblématique des Alpes françaises, qui s’élève à une altitude de 4 102 mètres, ce qui en fait le deuxième plus haut sommet de France après le Mont-Blanc. Cette montagne majestueuse est située dans le massif des Écrins, dans le département des Hautes-Alpes, et représente le point culminant de la région. Elle est également connue pour être le plus méridional des « 4 000 alpins ».
La crête de la Barre des Écrins comporte trois sommets distincts : la Barre des Écrins (4102 m), le Pic Lory (4087 m), une antécime importante, ainsi que le Dôme de neige des Écrins (4015 m).
Cette montagne offre une architecture remarquable sur son versant Nord, avec une longue arête surplombant un cirque glaciaire parsemé de crevasses et de barres de séracs. Elle se distingue des autres montagnes par sa silhouette unique, prenant une valeur esthétique particulière au lever et au coucher du soleil, lorsqu’elle est teintée de rose ou de rouge.
L’ascension de la Barre des Écrins est une course réputée des Alpes françaises et des Hautes-Alpes, réservée aux alpinistes confirmés et expérimentés. C’est une montagne qui inspire respect et admiration, tant pour sa beauté que pour sa complexité, et qui représente un véritable défi pour ceux qui cherchent à repousser leurs limites en montagne.
La Barre des Ecrins et son Histoire
Au cours de leurs explorations initiales, les pionniers cartographes et alpinistes, tels que le Capitaine Durand en août 1828, considéraient le Pelvoux comme le sommet le plus élevé du massif et même du pays, puisque la Savoie n’était pas encore française à l’époque.
Ce n’est qu’au XIXème siècle que la Barre des Écrins fut découverte, sous le nom initial de Pointe des Arsines. Son appellation actuelle provient d’une méprise des cartographes, qui ont confondu le sommet avec une arête rocheuse appelée « barrou des escrins ».
En 1861, l’alpiniste Edward Whymper arrive dans la vallée, bien déterminé à gravir le point culminant de la région. D’après les récits locaux, des cartographes auraient escaladé le Pelvoux et y auraient découvert un sommet plus élevé. Intrigué, Whymper décide lui aussi de grimper au sommet du Pelvoux pour identifier cette mystérieuse montagne.
Le 25 juin 1864, les alpinistes britanniques Adolphus W. Moore, Horace Walker et Edward Whymper, accompagnés du guide chamoniard Michel Croz et du Suisse Christian Almer, réalisent la première ascension de la Barre des Écrins. Ils gravissent la face nord en taillant des marches, puis atteignent la partie supérieure de l’arête orientale en empruntant le couloir Whymper. Ils parviennent finalement au sommet en suivant cette arête aérienne et parsemée de rochers instables. Edward Whymper relate cette aventure dans son ouvrage « Escalade dans les Alpes de 1860 à 1868 ».
En juillet 1870, William Auguste Coolidge effectue la première ascension directe de la face nord de la Barre des Écrins en taillant pas moins de 500 marches.
Frederick Gardiner, accompagné de Charles Pilkington et Lawrence Pilkington, réussit la première ascension sans guide en 1878.
Le 2 septembre 1880, les renommés Henry Duhamel et Pierre Gaspard père et fils grimpent pour la première fois la face sud. Ils redescendent ensuite par le même itinéraire emprunté à la montée. La traversée classique des Écrins est réalisée par W.A.B. Coolidge, en compagnie de Christian Almer père et fils, ajoutant ainsi une nouvelle voie d’ascension à l’histoire de ce sommet emblématique.
Le 6 août 1883 marque la première ascension féminine de la Barre des Écrins, réalisée par Marie Sireix, accompagnée de Joseph Bumet, Christophe Clot, Ambroise Favret, Adolphe et Florentin Folliguet, Pierre Gaspard père et le comte Rougier de Rozier. Ils empruntent la face sud en aller-retour pour cette ascension historique.
Quant à la face sud-est, sa première ascension a lieu le 9 août 1893, menée par Maximin Gaspard, Joseph Turc et Auguste Reynier.
La voie de l’Arête Rouge est conquise par Roubène Toumayeff et Jean Vernet le 31 juillet 1926, réalisant ainsi l’une des « grandes premières » sans guide. Ils parviennent à escalader cette voie en chaussures à clous et sans l’aide de pitons.
Enfin, la première ascension hivernale (avec des skis jusqu’au Col des Écrins, montée par le Couloir Whymper et descente par l’Arête Ouest) est réalisée par Daniel Armand-Dellile le 19 février 1926, ajoutant une nouvelle page à l’histoire de ce sommet emblématique.
Un peu de Géographie
Le sommet emblématique de la Barre des Ecrins se dresse fièrement comme le point culminant de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur et des Alpes du Sud. Situé sur le territoire de la commune de Pelvoux, dans la Vallouise, il se distingue en se tenant à l’écart de la ligne de partage des eaux entre la Durance et le Vénéon. Cette ligne traverse l’arête sommitale à l’ouest du sommet, au niveau du pic Lory, qui culmine à 4 087 mètres.
La Barre des Écrins présente une face sud majoritairement rocheuse, tandis que sa face nord est dominée par les glaciers, dont le glacier Blanc en est un exemple notable.
Quatre glaciers majestueux entourent ce sommet : le glacier de Bonne Pierre au nord-ouest, le glacier Blanc au nord-est, le glacier du Vallon de la Pilatte au sud-ouest et le glacier Noir au sud-est. La Barre des Écrins est délimitée par le dôme de neige des Écrins (4 009 m) à l’ouest via la brèche Lory (3 974 m), par la Barre Noire (3 751 m) au nord-est grâce à la brèche des Écrins (3 661 m) et par le Fifre (3 699 m) au sud, séparé par le col des Avalanches (3 499 m).
Le col de référence pour calculer la proéminence de la Barre des Écrins par rapport à la pointe Louis-Amédée près du Mont Blanc est le col du Lautaret, situé à 2 058 mètres d’altitude en France. Ainsi, la hauteur de culminance de la Barre des Écrins est de 2 043 mètres, soulignant son importance au sein du paysage montagneux français.
Les principales voies pour atteindre le sommet de la Barre des Ecrins
La Barre des Ecrins, en tant que sommet emblématique de cette région alpine, suscite l’intérêt de nombreux alpinistes et offre ainsi plusieurs itinéraires d’ascension.
L’accès traditionnel pour gravir la Barre des Écrins débute au Pré de Madame Carle, situé à 1 874 m d’altitude, au cœur de la Vallouise.
En juin 2012, Mathéo Jacquemoud a établi le record d’ascension pédestre (en courant) en 1 h 55 min, en partant du Pré de Madame Carle et en empruntant la voie normale du Dôme ainsi que le couloir Whymper. Il a ainsi battu l’ancien record détenu par Hubert Fievet, qui avait réalisé l’ascension en 2 h 3 min en 1998.
Quant au record de l’aller-retour en ski-alpinisme, il a été établi par Nicolas Bonnet en 2009, avec un temps de 2 h 51 min, depuis le Pré de Madame Carle. Ce défi sportif souligne la fascination que suscite la Barre des Écrins auprès des passionnés de montagne et d’outdoor.
Les exploits réalisés sur ce sommet illustrent l’engouement et le défi que représente la Barre des Écrins pour les alpinistes et les sportifs en quête d’aventures inoubliables. Les multiples voies d’ascension et les records établis sur ce sommet confirment son statut de destination prisée dans le monde de l’alpinisme et des sports de montagne.
Voie Normale
L’itinéraire traditionnel, ou voie normale, pour gravir la Barre des Écrins implique de suivre l’ensemble du glacier Blanc. Cet itinéraire est particulièrement populaire, car il sert également de voie d’accès au dôme de neige des Écrins, l’un des « 4 000 » les plus accessibles des Alpes.
Au printemps et en été, la voie normale du Dôme de Neige est très fréquentée. Il s’agit d’une magnifique course classique et facile sur la neige qui conduit les alpinistes à plus de 4 000 mètres d’altitude.
Quant à la voie normale de la Barre des Ecrins, il s’agit de l’arête ouest surplombant la rimaye du Glacier Blanc. C’est également une belle course classique relativement peu difficile.
La voie normale, principalement glaciaire, débute au refuge des Écrins (3 170 m) et suit la face nord jusqu’à proximité de la brèche Lory (3 974 mètres, où se séparent les voies normales du Dôme et de la Barre).
Ensuite, elle emprunte l’arête sommitale (mixte) jusqu’au sommet, offrant une expérience mémorable pour les alpinistes et les amateurs d’outdoor.
Cette voie combine des passages glaciaires et des sections rocheuses, offrant ainsi une ascension variée et captivante pour ceux qui s’aventurent sur les pentes de la Barre des Écrins.
Ascension du Dôme des Écrins par la voie originale Young ou Couloir Young (2 jours)
Inaugurée en juillet 1911 par George W. Young, cette voie débute à la Bérarde, un charmant hameau faisant partie de la commune de Saint-Christophe-en-Oisans.
Situé à l’extrémité de la vallée du Vénéon, à 1 700 m d’altitude, cet itinéraire permet d’atteindre d’abord le Refuge de Temple Écrins à 2 410 m, puis le Pic Coolidge à 2 958 m, et enfin, le Dôme des Écrins. La difficulté de cette voie varie entre F+ (alpinisme neige/glace/mixte, facile) et PD+ (alpinisme neige/glace/mixte, peu difficile).
Depuis le Refuge de Temple Écrins, dirigez-vous vers le col des Avalanches pour traverser le glacier du vallon de la Pilatte à l’ouest. L’objectif est de rejoindre le couloir Young et de le suivre en deux sections jusqu’à une brèche enneigée située sur l’arête ouest du Dôme des Écrins.
En progressant à travers une série de zones plates entrecoupées de rochers (vires), vous parviendrez finalement aux pentes sommitales du Dôme, offrant une expérience gratifiante aux alpinistes et aux amateurs de montagne.
- Altitude de départ : 1 700 m
- Altitude d’arrivée : 4 015 m
- Dénivelé : + 2 315 m
- Durée totale de l’ascension : 2h jusqu’au refuge, puis 4h30 jusqu’au sommet
Face Nord directe par la voie Giraud (2 jours)
Tout comme la voie normale, la voie Giraud, ouverte en 1944, commence au Pré de Madame Carle. Vous avez le choix de vous diriger vers le Refuge des Écrins ou celui du Glacier Blanc, situé à 2 542 m d’altitude.
La voie Giraud se différencie de la voie normale du Dôme des Écrins au niveau de la barre supérieure de séracs. Il est nécessaire de traverser rapidement sous cette barre afin d’atteindre la pente de glace ou de neige située juste en dessous du sommet.
- Altitude de départ : 1 874 m
- Altitude d’arrivée : 4 015 m
- Dénivelé : + 2 141 m
- Temps de marche total : 6h
Les autres voies d’ascension
Couloir Coolidge et Couloir Whymper : des défis attrayants en pente raide à réaliser dans des conditions favorables. Selon l’enneigement, cet itinéraire peut également être emprunté à skis.
Couloir de Barre Noire : une course variée, souvent enchaînée avec l’ascension de la Barre ou du Dôme.
La Traversée des Écrins par le versant sud de la Barre offre une manière élégante d’atteindre ce sommet.
La Petite Traversée des Écrins par l’arête Nord-Est (traversée arête Nord-Est → arête Ouest) constitue une magnifique traversée d’arête, légèrement plus difficile que la voie normale de l’arête Ouest.
Voies rocheuses en face Sud
Pilier Sud : une grande voie rocheuse sur l’imposante face Sud. Bien que le rocher ne soit pas toujours de bonne qualité et que les passages d’escalade agréable soient limités, elle demeure un incontournable du massif.
Arête Rouge : une option plus facile pour traverser la face Sud.
Directe de l’Arête Rouge : légèrement plus facile que le Pilier Sud, mais plus soutenue que l’Arête Rouge.
Voie Gamma : une voie difficile, rarement parcourue et exposée à d’importantes chutes de pierres.
Voie Diagonale : combinée à l’éperon de base, c’est l’itinéraire présentant le dénivelé le plus important dans le massif des Écrins.
Versant Nord-Ouest
Dans le versant Nord-Ouest du Dôme de Neige des Écrins, on trouve plusieurs itinéraires d’envergure qui offrent diverses expériences aux alpinistes en quête de nouveaux défis.
Conclusion
En conclusion, la Barre des Écrins est un sommet emblématique des Alpes françaises qui a marqué l’histoire de l’alpinisme et continue de fasciner les passionnés de montagne et d’outdoor.
Avec ses multiples voies d’ascension, ses paysages grandioses et son importance géographique, cette montagne majestueuse représente un défi stimulant pour les alpinistes confirmés et expérimentés. Gravir la Barre des Écrins est une expérience inoubliable qui offre des panoramas à couper le souffle et permet de s’imprégner de l’histoire des pionniers de l’alpinisme.