La Norvège, à la différence de ces voisins scandinaves, bénéficie de paysages beaucoup plus variés : aux grandes plaines laponnes et aux immenses forêts boréales s’ajoutent les fjords et les montagnes abruptes tombant dans la mer de Norvège ou l’Océan Arctique. Ce sont des avantages dont ne bénéficient pas ou peu la Suède et la Finlande où la topographie est beaucoup moins différenciée. Le Grand Nord Norvégien rassemble tous ces aspects, ce qui en fait un endroit unique en Scandinavie.
Notre voyage nous conduit dans le Comté du Troms, l’avant dernier comté norvégien avant la frontière russe, même si ce dernier avec le Comté du Finnmark ont fusionné depuis le 1er janvier 2020. C’est dans la ville de Tromsø, au coeur de cette région, que notre périple débute. On se situe ainsi 300km au-delà du cercle polaire arctique, au début du mois de février. La nuit polaire s’est terminée à la mi-janvier, le soleil apparait ainsi 5 à 6 heures par jour, quand il fait beau. Ces quelques heures de soleil seront un avantage pour certaines sorties prévues lors de cette semaine de découverte de la Laponie norvégienne.
Le climat est relativement rude à cette période de l’année. En se situant au delà du cercle polaire, les températures hivernales sont souvent négatives. Cependant, la majorité des villes norvégiennes se trouvant sur la côte, les conditions ne sont pas aussi difficiles qu’à l’intérieur des terres.
En effet, le Gulf Stream dans l’Océan Atlantique rabat la chaleur océanique et les précipitations sur les côtes norvégiennes. C’est pourquoi, même en hiver, il n’est pas rare d’avoir des températures légèrement positives à Tromsø. Mais aller dans le Nord de la Norvège pour avoir des températures positives et même de la pluie n’a pas grand intérêt. Et pour tout vous dire, nous sommes tombés la bonne semaine. De plus, à cette période de l’année, les aurores boréales dansent dans le ciel norvégien. Nous avons donc prié pour que la couverture nuageuse soit la plus faible possible. Les aurores boréales ont lieu toute l’année, or à la fin du printemps et surtout en été, la présence du soleil quasiment toute la journée empêche de les apercevoir. La meilleure période pour les contempler s’étale du mois d’octobre au mois de mars.
Mais avant cela, il faut se rendre à Tromsø. Il n’y a pas de vols directs depuis la France. Il faut faire une escale soit par Oslo, soit par Bergen. C’est par cette dernière que nous décollerons pour Tromsø.
Dès notre arrivée à l’aéroport de Tromsø, une fois notre voiture de location en main, nous nous rendons à notre logement pour la semaine, dans le village de Kaldfjord, à l’Ouest de la ville. Puis, après nous être installés, nous décidons de partir directement à la découverte des environs lors d’un road trip improvisé entre fjords et montagnes.
C’est justement au moment de passer un col, que le Grand Nord norvégien nous offre notre première surprise sur l’une des pentes de ces montagnes.
Un troupeau de rennes était un train de gratter le sol gelé à la recherche de quelques végétaux. Nous avons été d’autant plus surpris que nous avions entendu dire qu’il était assez rare de voir des rennes en liberté puisque la quasi totalité de l’espèce était détenue en grande partie en élevage notamment par la communauté Sami. Quoiqu’il en soit, cette quinzaine d’individus non loin de la route nous a rendu plus qu’heureux.
Après les avoir mitraillés avec l’appareil photo, nous reprenons la route, sans objectif quelconque. Nous profitons des quelques heures de luminosité.
La déambulation a duré quelques heures jusqu’au coucher du soleil aux alentours de 15h30. Nous décidons de faire un tour dans la ville de Tromsø.
L’ambiance dans la ville de Tromsø est assez spéciale. On se sentirait presque dans un village nord-américain du genre country. Pourtant les Norvégiens la surnomme »Le Paris du Nord ». Elle est également appelé la Capitale de l’Arctique. C’est en effet la ville de plus de 50 000 habitants la plus septentrionale du monde. Au-delà des magasins et des sculptures de glace, la ville n’est pas extraordinairement animée, il faut dire qu’il n’est que 17h. On se dirige donc vers le port pour admirer la vue. Notez que la majorité de la ville de Tromsø se situe sur une île au milieu d’un fjord reliée par deux grands ponts de part et d’autre.
Le ciel est clair en cette fin d’après midi qui ressemble étrangement à un début de soirée tant la nuit est déjà présente. Nous scrutons le ciel à la recherche d’une lueur verte. Les aurores boréales, bien qu’étant l’attraction majeure dans ces régions du monde, sont plutôt difficiles à apercevoir. Il faut qu’elles soient d’une certaine intensité pour être visibles à l’oeil nu. La plupart du temps, on aperçoit seulement une sorte de voile nuageux grisâtre qui bouge plus rapidement dans le ciel, c’est pourtant bel et bien une aurore boréale. C’est seulement lors de forte activité magnétique solaire que les aurores deviennent plus intenses. Cela peut donc être parfois frustrant. C’est d’ailleurs en observant le ciel et en voyant un faible voile nuageux, que l’on commence à fixer nos yeux vers les cieux. Est-ce un voile nuageux ? Ou bien une aurore qui se forme ?
Des rennes puis des aurores boréales dès la première journée. Loin d’être rassasiés et dans l’excitation du moment, nous décidons de partir à la chasse aux aurores en prenant la voiture et ce fut une excellente idée.
Les meilleurs endroits pour les observer se situent loin de la pollution lumineuse des villes. C’est d’ailleurs au milieu de nulle part, sur une île à une vingtaine de kilomètres de Tromsø que nous stoppons notre route. On s’installe au milieu d’un champ recouvert de neige, et nous attendons. Puis soudain !
Le spectacle a continué à divers endroits sur notre route.
Le lendemain, c’est une petite randonnée sur les hauteurs de Tromsø qui nous attend. Nous nous attaquons au Mont Fløya 671m, accessible également en téléphérique depuis le ville de Tromsø. Cette montagne offre un panorama exceptionnel sur la ville et ses environs.
La nuit arrivant, nous repartons pour une chasse aux aurores en direction de l’archipel de Sommarøy. Cette fois-ci, les aurores sont moins intenses que la veille. Mais le rendu sur les photographies reste sublime.
Pour la suite de notre périple et pour s’éloigner de la ville de Tromsø nous avions le choix entre deux destinations différentes : les Alpes de Lyngen, un massif montagneux à l’Est de Tromsø, et l’île de Senja. C’est cette dernière option que nous avons choisi. Le lendemain matin nous partons en direction de cette île qui, bien que peu connue pour l’instant, commence à faire fureur sur les réseaux sociaux. C’est un trajet de 3h qui nous attend sur les routes enneigées du Nord de la Norvège.
On enchaine les cols et les contournements de fjords, notamment sur la partie Nord de l’île.
Notre dernière étape sera le petit village insulaire de Husøy.
Comme dit précédemment, nous sommes partis sur l’île de Senja pour deux jours. Or nous n’avons pas réservé de logement à l’avance puisque nous attendions d’être sûrs au niveau de la météo. Nous avions choisi de trouver une sorte de refuge — on parle d’ailleurs de cabine ou »hytta » en norvégien — qui nous servirait pour la nuit.
En Norvège, la plupart des refuges ne sont pas gardés. A la différence de la France par exemple où il faut réserver et où les refuges sont tenus, en tout cas pour les plus importants, la Norvège bénéficie d’un dense réseau de cabines sur tout son territoire. A l’intérieur de ces cabines il y a des lits bien évidemment mais également de la nourriture. Il peut ne pas y avoir de système de réservation : premier arrivé, premier servi. Cependant, si l’on dort et/ou si l’on prend de la nourriture lors d’un séjour dans cette cabine, il faut remplir une fiche en spécifiant le nombre de nuits et ce que l’on a consommé comme nourriture, y ajouter son numéro de carte bancaire et mettre la fiche dans une urne. Ce système est totalement basé sur la confiance et semble fonctionner dans ce pays scandinave.
Avant de partir nous avons donc vérifié si il y avait des refuges sur Senja. Seulement un était présent en plein centre de l’île : Senjabu. Après une première journée sur les routes de l’île, c’est donc à la nuit tombée que nous nous rendons à Senjabu. C’est d’ailleurs en y allant que nous atteindrons la température la plus basse de notre aventure nordique : -17°C.
Vient le moment des confessions. Arrivés devant la porte de Senjabu, nous nous sommes rendus compte qu’elle était en travaux et donc fermée pour l’hiver. Un cadenas bloquait l’entrée. Mais nous n’avions nulle part où dormir, sauf dans la voiture, ce qui n’enchantait personne au vu de la température extérieure. Nous sommes donc rentrés par effraction… Le cadenas n’a pas été très solide et nous avons pu profiter d’un lit plutôt confortable. A l’intérieur du refuge, il y faisait moins quatre degrés. Grâce au feu de bois, nous avons réussi à faire monter la température jusqu’à 12 degrés, pas plus.
Pour le second jour sur l’île, nous nous sommes réveillés assez tôt. Nous avions emprunté des raquettes à notre logement près de Tromsø pour effectuer une randonnée sur l’île. C’est en direction du village de Fjordgard que nous nous rendons, attirés par l’un des points de vue les plus célèbres de Senja : Hesten face au Pic de Segla.
Après cette fraiche parenthèse, on reprend la route et on continue notre tour de l’île, cette fois plus au Sud.
La nuit arrive, il nous reste encore 3h de route jusqu’à Tromsø. Quelques légères aurores boréales nous accompagneront durant le trajet.
Le lendemain, de retour dans la région de Tromsø, nous étions censés faire un tour en chiens de traineau. Mais ça, c’était si mon acolyte avait envoyé la bonne adresse mail et la bonne date à l’organisme. C’est donc de loin que nous apercevrons les mushers et leurs chiens. On reprend alors la route vers des coins encore inconnus.
Lors de l’avant dernière journée dans le Grand Nord Norvégien, il s’est mis à neiger. L’ambiance était tout autre. Le programme tient tout de même, nous nous rendons sur les îles de Sommarøy, un des derniers archipels avant le large de l’Océan Arctique.
Sur le retour, le temps s’est encore détérioré, la neige tombe dru mais c’est le Nord, donc ce n’est pas grave.
Avant de partir dans le Nord de la Norvège, nous nous sommes lancés un petit défi : se baigner dans l’Océan Arctique. Cela a été chose faite l’avant dernier soir, sur les bords d’un fjord. Contrairement à ce que l’on peut penser, le plus dur n’est pas de rentrer dans l’eau mais d’en sortir. En effet, vous aurez remarqué que l’eau des fjords n’est pas gelée, elle est donc légèrement (très légèrement) positive contrairement à l’air extérieur. Mais sortir de l’eau c’est une chose, sortir de l’eau et mettre les pieds dans la neige et marcher pour retrouver la voiture, s’en est une autre ! Nos pieds nous en veulent encore.
Arrive malheureusement le dernier jour de notre périple dans le Grand Nord Norvégien, nous allons errer dans la capitale de l’Arctique une dernière fois.